Dans les entreprises

PSA-Vesoul : face au Covid-19, une direction irresponsable

Malgré l’annonce de l’arrêt progressif des sites de production de PSA lundi 16 mars, le site de Vesoul, en Haute-Saône, continue en partie à travailler.

La fabrication des pièces pour véhicules électriques s’est arrêtée le mardi 17 à 12 heures et l’atelier couture le soir pour rupture de stock liée à l’épidémie. Mais pour le reste du site, la grande majorité, les pièces de rechange et les magasins, la production se réduira progressivement pour arriver à 20 % de la normale.

Cette annonce est mal passée dans les ateliers, d’autant qu’il y a une absence de 25 à 30 % de personnel et que ceux qui restent risquent de devoir faire des heures supplémentaires imposées.

Dès le lundi, dans plusieurs ateliers, des travailleurs ont fait valoir leur droit de retrait. Au Ferrage, une quinzaine de magasiniers se sont arrêtés à la suite du départ d’un chef et de sa compagne pour suspicion de contamination au coronavirus. Alors que le travailleur qui a formé celle-ci et l’a côtoyée de près n’est pas mis en quatorzaine.

Les salariés réclamaient aussi des produits pour se laver les mains et désinfecter les engins. Ils ont repris le travail au bout d’une heure sous la menace de la hiérarchie.

Simultanément, d’autres travailleurs invoquaient leur droit de retrait. En peinture la direction refusait de le reconnaître au motif qu’il n’y avait pas eu de DGI (Danger Grave et Imminent) ; aux Pneus sous prétexte qu’ils ont du gel…

Au magasin Sud, 25 travailleurs se mettaient en retrait collectif en voyant passer les pompiers emmenant encore une personne sur une civière, la deuxième de l’atelier en moins d’une semaine. Trois personnes à risque étaient renvoyées chez elles. Les vingt-deux autres, malgré les menaces déguisées de licenciement pour abandon de poste, restaient dans l’atelier jusqu’à la fin de la journée sans travailler, dans l’attente de matériel de protection. On leur refuse du gel hydroalcoolique qui est réservé au magasin des pneus, au contact des routiers. Ils n’ont pas non plus d’eau javellisée pour nettoyer les engins… ce qu’ils sont contraints de faire avec du lave-vitre !

Depuis, plusieurs CSE extraordinaires se sont tenus, et l’activité a été maintenue. Il est même question de dépasser les 20 % initialement prévus. Le 19 mars, 40 personnes étaient en suspicion de Covid-19 et 150 en quatorzaine !

Lundi 23, il y avait 30 % d’absents et, pour tenir ses objectifs, la direction transforme le volontariat en obligation, menaçant ceux qui ne sont pas volontaires, qu’ils soient intérimaires, CDD ou CDI. Dans certains secteurs, les chefs désignent les volontaires faute de candidat. Pour les intérimaires, il y a en plus le chantage à la présence au travail le 27 mars pour toucher la prime « Gilet Jaune » de 600 euros !

Le travail n’a pas cessé non plus sur le site d’Hérimoncourt qui doit fermer et dont une partie de l’activité doit venir à Vesoul. Dans l’attente de l’installation des lignes de montage, la direction continue d’envoyer des travailleurs de Vesoul, tous les jours, à cinq par voiture à Hérimoncourt pour un trajet de 80 km ! On est loin des recommandations de « distanciation sociale » émises par le gouvernement.

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