Crise sanitaire et crise économique : les États au secours du système financier25/03/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/03/2695.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

La société en crise

Crise sanitaire et crise économique : les États au secours du système financier

Avec plus de deux milliards de personnes confinées dans le monde, des dizaines de pays entièrement isolés, l’économie mondiale subit un choc violent. Après une chute du cours des actions des entreprises ou celui du prix du pétrole, c’est maintenant la production qui s’effondre. En France, la production industrielle tournait ces derniers jours à 25 % de ses capacités.

Aux États-Unis, l’indice de la Bourse de Wall-Street a perdu 37 % de sa valeur en un mois, ce qui représente 10 000 milliards de dollars de capitaux partis en fumée. Après la finance c’est l’économie productive qui est touchée. L’économie américaine va entrer en récession, le produit intérieur pourrait chuter de 25 % au deuxième trimestre.

Face à celle-ci, sans délai et sans tergiverser contrairement aux mesures sanitaires décidées en ordre dispersé et à reculons depuis deux mois, les États et les banques centrales du monde entier sont intervenus au diapason. Outre les aides et subventions directes aux entreprises, comme la prise en charge du chômage partiel, les États ont ouvert des crédits quasiment illimités pour les banques et les grandes entreprises : 300 milliards d’euros en France, 550 en Allemagne, plus de 1 000 milliards du côté de la BCE. Trump a fait voter par le Congrès un plan d’urgence de 2 000 milliards de dollars pour l’économie américaine. La banque fédérale américaine, la Fed, va racheter toutes sortes de titres, des bons du Trésor, des obligations émises par les grandes entreprises, en échange de capitaux frais.

La préoccupation de ces dirigeants politiques est d’éviter des faillites en chaîne et de rassurer le système financier sur la solvabilité des entreprises et des banques. L’économie mondiale étant vampirisée par la finance, par ces multiples fonds, qui vendent et achètent sans cesse, un arrêt des remboursements et de la circulation monétaire provoquerait un effondrement du système bancaire. Comme en 2008, les États s’endettent sans limite pour secourir les capitalistes. Même l’Allemagne, qui refusait jusque-là d’avoir un budget en déficit, a lancé un emprunt de 156 milliards d’euros sur les marchés financiers. Flairant l’aubaine, ceux-ci ont fait repartir les taux d’intérêts à la hausse.

Si les États volent au secours des capitalistes, au nom de la sauvegarde de l’économie, ils ne leur imposent ni contrepartie, ni contrôle, ni comportement responsable.

Les banquiers et les industriels n’utilisent pas les milliards mis à leur disposition pour payer leurs fournisseurs ou prêter à bas taux aux petites entreprises menacées de faillite. Au contraire ! De grandes entreprises comme Vinci, le Printemps ou la MMA, viennent d’être épinglées par le ministère de l’Économie car elles retardent volontairement le paiement de leurs fournisseurs pour accumuler une trésorerie, alors même qu’elles pourraient emprunter sans limite. Le Canard enchaîné vient aussi de dévoiler comment de grands groupes du Cac 40, LVMH, PSA, Accor, profitent de la chute de leurs actions pour les racheter à bas prix et renforcer ainsi leurs participations. À l’échelle planétaire, les groupes les plus puissants profitent de cette crise pour racheter des concurrents en difficulté.

Chacun dans son domaine se positionne pour être le plus rapide quand la fin du confinement permettra le redémarrage du marché. C’est la raison pour laquelle Airbus, PSA et les autres imposent à certains de leurs salariés de venir travailler malgré le confinement. Ils veulent éviter des semaines de réglages pour remettre en route leurs installations et ils accumulent des stocks pour fournir le marché dès la reprise.

Contraints de risquer leur vie pour produire coûte que coûte, les travailleurs et les classes populaires paieront doublement la facture de cette crise. Comme en 2008, le remboursement de la dette publique et le redémarrage de l’économie serviront de prétexte pour tenter d’imposer de nouveaux sacrifices, y compris une démolition ultérieure de services publics, comme les hôpitaux.

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