Dans les entreprises

Toyota – Valenciennes : la direction carbure à la pression

« On applique les décisions de l’État », déclarait encore le directeur de l’usine Toyota de Valenciennes dimanche 15 mars lors d’un CSE extraordinaire où les syndicats demandaient l’arrêt de la production et le paiement du chômage partiel à 100 %, y compris pour les CDD et intérimaires.

Des mesures d’hygiène avaient soi-disant été prises pour éviter la propagation du virus, alors que les ouvrières et ouvriers sont entassés sur les postes de travail dans cette entreprise modèle du compactage !

Bien sûr les « décisions de l’État » avaient été prises sous la pression des actionnaires et du grand patronat pour laisser tourner des entreprises pourtant non « essentielles à la vie du pays » : le profit avant la santé des travailleurs et de leur famille !

Vendredi 13 déjà, briffés par la hiérarchie, la plupart des chefs refusaient de signer les demandes individuelles d’absence pour garder les enfants distribuées par les militants CGT, en disant qu’il fallait les télécharger du site du ministère… et venir les remettre le lundi. Le climat commençait déjà à monter.

Lundi 16 mars, la pression montait encore à mesure que toute l’entreprise apprenait l’arrêt de production de Michelin, puis de PSA, par les Facebook personnels, ou celui de la CGT qui était de plus en plus partagé au cours de la journée. Dans les ateliers, à la différence des mois précédents, il redevenait possible de faire des prises de parole de secteurs. Non seulement le coronavirus était l’objet des discussions, mais aussi l’effondrement des Bourses, la crise économique, la faillite du capitalisme.

Finalement, sous la pression de débrayages qui débutaient, la direction convoquait un nouveau CSE où elle annonçait que le chômage partiel et son indemnisation, qui n’était pas possible dimanche, le devenait lundi ! Mais l’arrêt de la production n’était prévu que pour le mercredi à 5 h 30 ! Cela devenait de plus en plus choquant, tout le monde ressentant le profond mépris de la direction pour le personnel.

Après l’annonce du confinement par Macron lundi soir, la journée du mardi 17 s’annonçait chaotique. Et elle le fut ! Surtout avec les annonces de grèves chez Amazon, aux Chantiers de l’Atlantique… et la menace de débrayages dans les ateliers.

À nouveau sous la pression, la direction décidait finalement d’arrêter le travail mardi en début d’après-midi et de libérer tout le monde… ou presque !

Elle compte en effet profiter des circonstances pour faire venir plusieurs centaines de salariés, ouvriers, techniciens de maintenance, ingénieurs, afin de faire des travaux impossibles en temps normal vu la sur-occupation des chaînes, les cadences et l’étroitesse des locaux. Ceux qui sont obligés de venir seront bien sûr moins les uns sur les autres, mais une certaine haine contre la direction s’est enracinée parmi ceux que la direction considère comme des esclaves, et qui ne l’accepteront pas indéfiniment.

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