Renault-Flins : le profito-virus de la direction18/03/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/03/2694.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault-Flins : le profito-virus de la direction

Alors qu’il était de plus en plus question d’urgence et de mesures exceptionnelles de protection collective, la direction de l’usine Renault de Flins, dans les Yvelines, a résisté tant qu’elle a pu à l’idée d’arrêter la production et de protéger les travailleurs.

Le gouvernement venant de décider la fermeture des écoles et un début de confinement contre la propagation du Covid-19, la direction de Renault Flins a annoncé, elle, la mise en place du… télétravail. Pour une usine de carrosserie et de montage, cela ressemblait à une mauvaise plaisanterie ; la grande majorité des travailleurs dans les ateliers et sur les chaînes ne peuvent pas « télétravailler ».

Les travailleurs sont 4 000 sur le site et la plupart restaient censés venir à l’usine. La direction préconisait surtout le respect de la distance d’un mètre entre les travailleurs, sachant pourtant que c’est tout à fait impossible dans de nombreux secteurs de l’usine. Au Montage par exemple, parfois trois, voire quatre opérateurs sont confinés dans le même véhicule ! À l’emboutissage, où il y a parfois plus de 100 décibels, il est impossible de s’entendre au-delà de 20 ou 30 centimètres.

Les autres préconisations sont le lavage fréquent des mains alors qu’il n’y a que deux pauses par jour et que dans certaines salles de pauses, il n’y a même pas de savon. De plus aucun masque ou gel hydroalcoolique ne sont mis à disposition.

Armée de réserve

Alors que les médecins alertaient sur la dangerosité du virus, appelaient au sens des responsabilités de tous, sans surprise la direction Renault continuait à mettre les travailleurs en danger. Elle a même dit ouvertement qu’elle savait qu’il y aurait des malades à remplacer, constituant un fichier d’anciens intérimaires pour remplacer au pied levé les futurs malades.

Mais de plus en plus de travailleurs prenaient conscience que fabriquer des voitures n’est pas une nécessité absolue. Ils parlaient de refuser collectivement de venir à l’usine. Finalement, lundi 16 mars, la direction a annoncé qu’elle arrêterait la production dès le lendemain mardi 17, décidée à la fois par le mécontentement qu’elle sentait monter et par la chute des commandes.

L’exception des pièces de rechanges

S’appuyant sur un décret gouvernemental qui autorise l’entretien et la réparation de véhicules automobiles, de véhicules, engins et matériels agricoles, la direction avait maintenu l’intégralité de l’activité du Centre de pièces de rechange (CDPA) qui n’a pourtant rien de vital.

Là encore des travailleurs étaient en colère en particulier lorsqu’ils ont appris qu’un de leurs camarades était contaminé et malade. Les travailleurs de ce secteur étaient en contact avec lui sans protection et au quotidien. Il prenait le bus de l’entreprise à Paris, confiné le temps du trajet avec plus d’une quarantaine d’autres. Par ailleurs, dans ce secteur où les salariés sont en contact avec des dizaines de chauffeurs de camions venant de partout, il n’existait aucune protection : pas de masques, pas de gants, les engins passant d’une équipe à l’autre n’étaient même pas désinfectés…

La baisse des commandes due aux garages fermés et surtout la colère grandissante ont fait reculer la direction : seule une petite équipe de quarante volontaires sera maintenue avec plus de pauses et plus de moyens de protection.

L’autre exception, ce sont les travailleurs de la sécurité de l’usine. Ils n’ont quasiment aucune protection alors qu’ils doivent intervenir et emmener les malades et blessés. Ils n’ont pas de vêtements spéciaux, pas de solution hydroalcoolique, même pas de douches puisqu’elles sont fermées depuis trois semaines. Aux yeux de la direction, ils sont peut-être là pour la sécurité du site, mais certainement pas pour la leur.

Le comble c’est que les responsables, essayant de maintenir l’activité coûte que coûte, ont demandé d’arrêter les réunions obligatoires des commissions de proximité, où l’on est pourtant nettement moins confinés qu’à la production. Les grands cadres ont juste peur pour eux-mêmes ! C’est le règne de l’irresponsabilité avec une bonne dose d’individualisme.

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