Dans les entreprises

Parc de Chesnes – Isère : l’exploitation au temps des épidémies

Situé au sud de l’aéroport de Lyon, le parc d’activité de Chesnes est une zone principalement de logistique. S’étendant sur une dizaine de kilomètres carrés, il regroupe quelque 13 000 travailleurs qui fournissent un grand nombre de magasins de toute la moitié est de la France.

Les conséquences de l’épidémie de coronavirus illustrent la nocivité de l’organisation de la société capitaliste.

Dans la logistique non-alimentaire, beaucoup d’entreprises comme Decathlon ou Galeries Lafayette ont fermé leurs portes. Les intérimaires, plusieurs milliers dans la zone, se sont retrouvés au chômage avec une grande crainte pour les semaines à venir car ce n’est pas l’État qui paiera leur loyer. Chez Conforama, même si les magasins de l’enseigne sont fermés, les travailleurs doivent continuer de venir réceptionner et stocker des marchandises qui ne seront pas expédiées avant des semaines voire des mois. Idem chez Viapost, où les salariés ont été jusqu’au 16 mars contraints de venir pour nettoyer de fond en comble l’entrepôt et trier les cartons puisqu’il n’y avait aucune réception ou expédition.

Les embauchés sont au chômage partiel et les intérimaires sont au chômage tout court. Dans les entrepôts alimentaires, « c’est la guerre » comme le dirait Macron : chez Carrefour Supply Chain qui livre entre autres les Carrefour Market ou dans un des entrepôts Kuehne & Nagel qui fournit les produits frais, fruits et légumes pour Carrefour, des dizaines d’intérimaires ont été recrutés. Le travail est organisé en trois équipes qui se relaient 24 heures sur 24 et six jours sur sept. Chez Aldi, les deux dernières semaines, les salariés ont travaillé en moyenne 90 heures, certains ont dépassé les 100 heures, notamment ceux qui sont dans les rayons pâtes, huiles, fruits et légumes. Chacun de ces travailleurs soulève plus de 10 tonnes de marchandises par jour. Les embauchés sont de plus en plus cassés, tandis que les intérimaires voient, pour l’instant, cela comme une aubaine car ils se disent qu’eux au moins vont toucher pour une fois un salaire décent. Mais à quel prix et pour combien de temps ?

La misère au chômage pour des milliers de travailleurs et la surexploitation pour quelques centaines d’autres, voilà à quoi cette organisation sociale réduit les travailleurs. Il est urgent d’imposer la répartition du travail entre tous les bras disponibles et de contraindre tous ces grands groupes, qu’ils continuent à faire des affaires ou pas, à payer le maintien intégral des salaires, y compris des intérimaires !

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