Élections municipales

Le parti de Macron à la peine

Parmi les quelque 47,7 millions d’électeurs appelés à élire leur maire le 15 mars, moins de la moitié s’est déplacée pour glisser un bulletin dans l’urne.

Cette abstention, due en partie à l’inquiétude suscitée par l’épidémie de coronavirus, s’est ajoutée à un contexte marqué par la dépolitisation du scrutin, voulue par la plupart des listes.

Dans ces conditions, l’implantation locale des candidats et leur capacité à se créer une clientèle électorale ont été encore plus déterminantes que lors des scrutins précédents, donnant ainsi un avantage aux équipes en place. Cette prime au sortant a bénéficié à Paris à la socialiste Anne Hidalgo, arrivée en tête face à ses concurrentes, Rachida Dati, ancienne ministre de Sarkozy, et Agnès Buzyn, ex-ministre de Macron. À l’autre extrémité de l’échiquier politique, à Hénin-Beaumont et à Fréjus, ce sont des maires du Rassemblement national qui ont été réélus.

Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, a lui aussi été capable d’obtenir plus de 60 % des voix à Tourcoing, ville dont il était maire jusqu’en 2017. Pour relativiser sa victoire, il suffit de préciser que seul un électeur sur quatre est allé voter… Mais beaucoup de ceux qui apparaissaient liés au parti de Macron ont été bien davantage à la peine. À commencer par le Premier ministre, Édouard Philippe, qui, s’il est arrivé en tête au Havre, est loin d’être assuré de l’emporter, alors qu’en 2014, il était parvenu à se faire élire au premier tour.

À Lyon, la liste soutenue par le maire sortant et ancien ministre de l’Intérieur de Macron, Gérard Collomb, a été largement devancée par celle d’Europe Écologie-Les Verts. Dans la plupart des autres villes, les candidats présentés ou soutenus par LREM, le parti de la majorité présidentielle, doivent se contenter de scores se situant entre 13 % et 17 %.

Le parti de Macron aurait souhaité que ces élections municipales lui donnent un ancrage local et assurent ainsi sa pérennité. Quels que soient les résultats du deuxième tour, reporté à une date ultérieure, il est d’ores et déjà certain qu’il n’y parviendra pas. Installée au pouvoir pour faire passer envers et contre tout la politique de la bourgeoisie en cette période de crise, LREM en fait les frais sur le plan électoral, tout comme bien d’autres avant lui.

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