RATP – dépôt de Thiais : grève et épidémie11/03/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/03/2693.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

RATP – dépôt de Thiais : grève et épidémie

Au dépôt de bus RATP de Thiais, dans le Val-de-Marne, deux cas de coronavirus ont été confirmés le 5 et le 6 mars. L’inquiétude montait depuis longtemps, surtout parmi les conducteurs, dont certains transportent 1 000 passagers en moyenne par jour et qui manipulent des billets lors des ventes de tickets.

Depuis des semaines, la direction se cachait derrière les recommandations générales de l’ARS pour éviter de répondre aux questions et ne pas perturber ses objectifs. Il a donc fallu se battre pour la moindre mesure de sécurité qui dépasse le stade de l’affiche scotchée sur la porte des WC.

Il y a 15 jours, il n’y avait toujours pas de gel hydroalcoolique, alors que des conducteurs ne pouvaient même pas se laver les mains entre deux tournées, faute de savon ou même de local en bon état. Face à la colère croissante et à la menace d’un arrêt de la vente des tickets, la direction a tout de même fini par découvrir des flacons stockés dans ses bureaux. Depuis, la distribution se fait au compte-gouttes, avec au maximum un flacon par personne et par semaine.

Il a aussi fallu que deux travailleurs tombent malades, puis que quelques autres assiègent la direction jusqu’au milieu de la nuit, pour que des dispositions spéciales de nettoyage soient mises en place.

Et encore : rien n’a été fait le samedi soir, et ces mesures se limitent au poste de conduite, sans égard pour la sécurité des ouvriers de la maintenance qui interviennent au retour des véhicules.

La légèreté avec laquelle la direction traite ce problème alimente l’inquiétude. L’indignation grandit aussi à voir que c’est surtout l’idée de perdre des kilomètres ou des ventes de tickets qui rend malade la direction.

Ce n’est qu’après que le virus avait commencé à circuler dans le dépôt qu’une équipe de sensibilisation est intervenue... mais un matin seulement et entre 6 heures et 9 heures, alors que le premier bus sort à 4 heures. Il a fallu attendre lundi 9 mars pour qu’un médecin soit dépêché pour répondre aux questions.

Pendant la grève, la direction savait mobiliser ses cadres dès 4 heures du matin – les « clémentines »- avec leur gilet orange. Directeur et RRH y compris, tout le monde était de sortie. Le moins qu’on puisse dire est qu’ils ont mis plus d’énergie à lutter contre la grève que contre l’épidémie.

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