Le capitalisme, une maladie incurable04/03/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/03/2692.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le capitalisme, une maladie incurable

Mardi 3 mars, les ministres de l’Économie et les banquiers centraux du G7 – les pays les plus riches de la planète – se sont « réunis » au téléphone pour coordonner leur action, après une semaine marquée par l’épidémie du coronavirus et ses conséquences. Et, parmi celles-ci, le fait que depuis fin février les principales Bourses mondiales se sont mises à tousser sérieusement.

« L’atelier du monde » chinois ne tourne plus qu’au ralenti, ce qui, un peu partout et pas seulement dans la branche des nouvelles technologies, freine la production, les approvisionnements, les ventes. Le tourisme mondial ralentit fortement par crainte de la contagion, ce qui a des répercussions sur toutes les compagnies aériennes et, par contrecoup, sur l’industrie aéronautique – l’ensemble perdrait ainsi un milliard d’euros par mois rien que dans l’Union européenne, selon la Commission de Bruxelles. Et il y a l’anticipation, par les financiers du monde entier, des conséquences que tout cela pourrait avoir sur les marchés, sur cette « économie casino » qui est le fond du capitalisme actuel.

Tout cela a fait que, de New York à Francfort, Londres, Tokyo et Paris, 6 000 milliards de dollars de capitalisation boursière, répartis sur de nombreux secteurs économiques, se sont évaporés en quelques jours. Ce recul, comme le monde n’en a pas connu depuis la grande crise de 2008, efface d’un coup les gains qu’avaient réalisés les Bourses en 2019, une année exceptionnelle pour les actionnaires.

La glissade va-t-elle continuer, se transformer en plongeon et entraîner une nouvelle crise mondiale ? Nul ne le sait. Mais la crainte que cela se produise transparaît dans les anticipations à la baisse de très nombreux spéculateurs dans le monde – avec au premier rang les multinationales, qui se demandent comment la situation, donc leurs profits, vont évoluer. L’OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économique) vient aussi de lancer un cri d’alarme, en faisant savoir que la croissance mondiale, qu’elle estimait à 3 % pour 2020, ne sera que de 2,4 %, voire de 1,5 % si la crise sanitaire se poursuit. S’y ajouterait, selon elle, un risque de récession dans les pays économiquement les plus développés : États-Unis, Japon, États de la zone euro.

Se voulant rassurantes, les banques centrales se disent prêtes, telle la Banque centrale européenne, à agir pour éviter que la situation ne s’emballe. En l’occurrence, il s’agit d’abaisser les taux – déjà proches de zéro – auxquels elles prêtent aux États et aux grands groupes, afin de stimuler la reprise des affaires. Mais, avant même que la Fed soit la première à le faire aux États-Unis, banques et sociétés d’assurances se sont alarmées d’une telle médication. À les en croire, elle pourrait ébranler leur situation, en réduisant leurs marges sur les crédits alors même qu’elles voient fortement augmenter le nombre des créances douteuses sur leurs entreprises clientes. Et, tout comme les compagnies aériennes, Air France en tête, ont saisi le prétexte du coronavirus pour annoncer des milliers de nouvelles suppressions d’emplois, les banques annoncent qu’elles vont continuer à en supprimer en grand.

Le coronavirus a eu un rôle déclencheur dans la tempête boursière. Mais il agit là comme un révélateur de l’état de l’économie mondiale. Une économie en crise tantôt larvée, tantôt aiguë, depuis des décennies, sans que les tenants du système capitaliste y puissent rien, sinon naviguer à vue, en présentant bien sûr aux classes laborieuses la note des convulsions de leur système destructeur de richesses, socialement injuste et malade.

On trouvera peut-être un vaccin contre le coronavirus. Contre le virus du profit capitaliste, on sait déjà qu’il n’y en a pas. Cette maladie étant incurable, euthanasier ce système rendrait service à toute l’humanité.

Partager