Coronavirus : un système de santé sans grandes défenses04/03/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/03/2692.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Coronavirus : un système de santé sans grandes défenses

Avec le développement de l’épidémie de coronavirus à l’échelle de tout le pays, hypothèse qu’on ne peut plus écarter, des malades de plus en plus nombreux, faute d’être reçus par leur médecin généraliste débordé, ou bien décidés à bénéficier du test de dépistage, viennent directement à l’hôpital, dont les capacités d’accueil ne sont pas extensibles.

C’est d’ailleurs déjà parmi le personnel hospitalier que des cas de contamination ont été découverts, comme à l’hôpital Tenon à Paris où 56 salariés ont été placés en quatorzaine dans un premier temps, ce qui a obligé l’hôpital à réduire la voilure, comme le dit un responsable. Un médecin du service d’infectiologie de l’hôpital Bichat a aussi déclaré : « On rentre dans le dur. Tous les ans la grippe saisonnière fait tanguer le navire des hôpitaux… Là, ça va être la tempête. » Il sait de quoi il parle, car les hôpitaux sont au bord de l’asphyxie et incapables de faire face à un afflux de malades. On y manque de tout, de lits, de personnel et de moyens financiers.

Il y a quelques semaines, plusieurs centaines de chefs de service avaient démissionné de leurs fonctions administratives pour dénoncer des années d’économies déraisonnables et inadaptées. Et dès maintenant, alors que le nombre de cas recensés est encore faible, c’est déjà le bazar, dit un médecin de l’hôpital Saint-Louis, placé face à cette double crise à gérer, celle de l’hôpital et celle du coronavirus.

Martin Hirsch, directeur général de l’Assistance publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP), s’offusque de ce terme de « bazar » et prétend que l’hôpital public est en ordre de marche. Mais la première mesure qu’il a prise, à l’annonce du passage au stade 2, a été de décider que les hôpitaux parisiens ne s’occuperont que des patients infectés les plus gravement atteints, les autres devant retourner chez eux et être suivis par leur généraliste. C’est avouer dès maintenant, malgré le nombre encore faible de malades, qu’il n’y a pas assez de lits pour les hospitaliser tous, ce qui serait une meilleure façon de limiter la contagion. Et qui peut croire qu’il y aura assez de médecins généralistes pour soigner des patients à domicile ?

Tout cela ressemble plus à des mesures à la sauvette, qui pour certaines frisent la non-assistance à personne en danger. Là où il aurait fallu des moyens toujours plus importants, depuis des années les gouvernements de tout bord ont pris dans les budgets de la Santé pour se donner les moyens de remplir les coffres du grand patronat. Aujourd’hui, le risque est d’en faire payer lourdement les conséquences à toute la population.

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