Chantiers de l’Atlantique Saint-Nazaire : un mort au travail04/03/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/03/2692.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Chantiers de l’Atlantique Saint-Nazaire : un mort au travail

Dans la nuit du 25 au 26 février, aux alentours de 3 heures du matin, un ouvrier est mort au travail, au chantier naval de Saint-Nazaire.

Ce père de famille de 54 ans, charpentier-fer, originaire du Cotentin, travaillait en déplacement depuis de nombreux mois, sous contrats d’intérim, au sein d’un des principaux ateliers des Chantiers de l’Atlantique, entreprise qui construit principalement des paquebots de croisière.

Cet atelier Panneaux- Plans, qui fonctionne en 3x8 et VSD, est composé de deux lignes de production à la chaîne pour fabriquer une grande partie de la structure métallique des navires. La majorité des membres des équipes sont soudeurs ou charpentiers-fer et travaillent en binôme (en « matelotage »).

Une heure quarante avant la fin de l’équipe de nuit, ce camarade de travail est décédé des blessures occasionnées par la chute d’une cloison en acier de 500 kg, qu’il était en train de monter avec son binôme. Son jeune matelot, embauché seulement depuis quelques années, a été hospitalisé en état de choc.

Des membres de l’équipe et deux agents de sécurité (rondiers) ont pris en charge les premiers secours et c’est une centaine de travailleurs, isolés, au milieu de la nuit, qui ont dû parer au plus urgent.

D’un bout à l’autre du chantier, sans même connaître les détails précis de l’accident, chaque travailleur s’est identifié à ce drame et en a ressenti les causes profondes. Chacun a fait la somme de toutes ces petites choses que tous les jours on ne fait plus, car on n’en a plus le temps, ni le matériel, ni l’expérience nécessaire qui, faute d’embauche régulière, n’a pas pu suffisamment être transmise par les plus anciens.

Chacun a fait le constat de ce que l’organisation Lean management (« organisation maigre » en français) signifie au quotidien, c’est-à-dire travailler toujours sur le fil du rasoir, à flux tendu, au plus juste, en limite de rupture de la matière, des os et des nerfs...

Et, enfin, chacun ressent le fossé qui se creuse avec un encadrement que la direction veut de moins en moins technique et seulement gestionnaire, afin de l’empêcher de comprendre les conséquences de l’organisation du travail imposée à ceux qu’ils dirigent.

Il n’y a aucune fatalité à cet accident, il n’y a aucune justification à fabriquer des paquebots ainsi de nuit, dans des délais et avec des horaires de plus en plus délirants. C’est ce que sont venus exprimer les centaines de travailleurs qui ont débrayé à l’appel de la CGT et de FO vendredi 28 février et lundi 3 mars.

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