Afghanistan : un accord qui ne mettra pas fin à la guerre04/03/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/03/2692.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Afghanistan : un accord qui ne mettra pas fin à la guerre

Plus de dix-huit ans après l’intervention américaine en Afghanistan, les dirigeants des États-Unis ne peuvent que contester qu’ils se sont embourbés dans une guerre sans issue et tentent de s’en retirer.

Ils ont annoncé le 29 février avoir trouvé un terrain d’entente avec les islamistes talibans qui entretiennent la guérilla dans le pays.

Cet accord, négocié depuis des mois dans l’ombre, s’est conclu dans le dos du gouvernement afghan ; un gouvernement mis en place par Washington, qui ne tient que grâce à la protection de l’armée américaine et ne gouverne vraiment que la capitale, Kaboul, et ses environs proches.

Pour autant, ce gouvernement n’acceptera sans doute pas d’être ainsi sacrifié et de laisser la place. Quant aux talibans, rien ne dit non plus qu’ils soient prêts à respecter un cessez-le-feu. Il n’est donc pas du tout sûr que les troupes américaines se retireront vraiment dans quatorze mois comme le prévoit l’accord.

Quoi qu’il en soit, elles laisseront derrière elles un pays dévasté. Venant après des années de guerre civile, l’intervention des États-Unis, menée avec l’aide de l’armée française de 2001 à 2014, au nom de la lutte contre le terrorisme, n’a fait qu’ajouter son lot de destructions. Des centaines de milliers de morts, sept millions de réfugiés sont le tragique bilan humain de cette intervention.

Pendant toutes ces années, l’Afghanistan a été un terrain d’expérimentation pour les généraux occidentaux qui ont testé des bombes ultra-puissantes ou des drones tueurs, et pour les services de renseignement qui y ont pratiqué la torture.

Les présidents américains, Bush, Obama puis ­Trump, ont mené cette guerre en y consacrant 2 000 milliards de dollars. Cette somme pharamineuse, plus de cinq fois le produit intérieur brut afghan certaines années, a été engloutie dans cette aventure, mais pas perdue par tout le monde. Les fabricants d’armes américains ont bénéficié de marchés très intéressants. Ces dollars ont aussi corrompu la société afghane, aboutissant à financer les seigneurs de guerre et la production de drogue.

L’impérialisme américain espère que cet accord de « paix » lui permettra de sortir du bourbier afghan. Après des années où ses dirigeants ont prétendu mener la guerre au nom de la démocrate, voire du droit des femmes face à l’obscurantisme, leur retrait revient à laisser la population aux mains de milices djihadistes que toutes leurs interventions ont aidé à grossir, dans un pays détruit, à l’économie chaotique.

C’est pour toute la société afghane un terrible recul, que la population continuera de payer encore longtemps.

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