Rassemblement national : des mairies contre les immigrés et les pauvres19/02/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/02/2690.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Élections municipales

Rassemblement national : des mairies contre les immigrés et les pauvres

Le parti lepéniste espère se servir des élections municipales pour préparer la future campagne présidentielle de Marine Le Pen. En 2014, il avait déjà présenté près de 600 listes, et avait remporté l’élection dans 11 villes de plus de 9 000 habitants, comme Hayange, Fréjus, Mantes-la-Ville, Beaucaire, etc. Quel est leur bilan ?

Les mairies FN ont ciblé les immigrés, les étrangers et les musulmans. Steeve Briois, le maire de Hénin-Beaumont dans le Pas-de-Calais, a ainsi publié une charte antimigrants. Celui de Cogolin a interdit un spectacle de danse orientale, tandis que celui de Beaucaire a supprimé les menus de substitution dans les cantines scolaires. À Hayange en Moselle, le maire Fabien Engelmann organise chaque année la fête du cochon. Et, dans cette ville ouvrière d’immigration italienne, polonaise et maghrébine, la mairie a fait repeindre en bleu-blanc-rouge les wagonnets de mine de fer installés à l’entrée de la ville. À Béziers, le maire Robert Ménard a multiplié les saillies contre l’« invasion migratoire » et le « grand remplacement », et les mesures contre les étrangers, par exemple contre les kebabs « pas dans notre culture ».

Dans plusieurs communes, le FN/RN a fait la guerre aux associations et aux organisations syndicales. À Hayange, il a supprimé toute subvention au Secours populaire qui, en 2016, venait en aide à 776 personnes, dont plus de 250 enfants. Il a essayé de l’expulser de ses locaux, puis de lui couper le chauffage et l’électricité. Tout cela a donné lieu à des procès en cascade, finalement gagnés par le Secours populaire. Le maire a également voulu avoir des employés à sa botte, à la manière d’un roitelet autoritaire ne supportant pas la contestation. Dès juin 2014, une note menaçait le personnel communal de procédure disciplinaire s’il ne respectait pas le « devoir de réserve ». Puis la mairie a taillé dans les effectifs... et a embauché des proches du RN. Aux élections professionnelles de décembre 2018, il y avait 170 inscrits, 61 de moins qu’en 2014. Malgré tout, la CGT l’a emporté.

À Mantes-la-Ville, dans les Yvelines, le maire Cyril Nauth s’est également attaqué aux associations : la Ligue des droits de l’homme, mais aussi le club de football, auquel il a coupé une bonne partie des subventions. Alors, antifoot, le RN ? Non, c’est surtout que le club comptait trop de Noirs à son goût. Quant au personnel communal, il a subi de plein fouet la politique de la mairie, au nom du désendettement. Des femmes de ménage, des cantinières, des animateurs de quartier ont été licenciés. Le nombre d’assistantes maternelles est passé de 45 à 5. En revanche, la mairie a armé la police municipale, formant deux agents et leur achetant… huit revolvers. De façon générale, les élus RN ont souvent renforcé les effectifs de la police municipale et installé des caméras de vidéosurveillance.

Un peu partout, les maires RN ont ainsi voulu se présenter comme de bons gestionnaires, cherchant à désendetter la ville… même quand elle n’était pas endettée. Ces gestionnaires particulièrement antiouvriers suppriment des emplois publics et s’en prennent aux plus pauvres. Ils cherchent à dresser les travailleurs les uns contre les autres, les Français contre les étrangers, les chrétiens contre les musulmans, les Blancs contre les Noirs. Si les élus du RN se comportent comme bien des notables et comme bien des politiciens bourgeois, ils y ajoutent leur pesant de crasse réactionnaire.

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