Portugal : hausse de salaire insultante12/02/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/02/2689.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Portugal : hausse de salaire insultante

Les fonctionnaires portugais étaient appelés à faire grève vendredi 31 janvier par l’ensemble de leurs syndicats. Dans le budget pour 2020, le gouvernement leur propose une augmentation de 0,3 %, soit 2 euros pour ceux qui sont au salaire minimum (635 euros). Après dix ans de gel des salaires, il y a de quoi être en colère.

La grève a été suivie à près de 90 % dans l’éducation et dans la santé. Le même jour, les employés de supermarchés faisaient grève pour 90 euros d’augmentation : neuf sur dix touchent le salaire minimum

Dans la manifestation de Lisbonne, les mots d’ordre étaient : « Maintenant qu’il y a de l’excédent, qu’on en bénéficie ! », « Pour la banque et le capital il y a des millions, pour les travailleurs des centimes ». Le PC et le Bloc de gauche (issu de l’extrême gauche) soutenaient cette grève contre la proposition inacceptable du gouvernement socialiste.

Depuis novembre 2015, le Premier ministre est Antonio Costa, le leader du PS. Il a mis fin à dix ans de gouvernements de droite qui ont accumulé les mesures antiouvrières, baissant les salaires et les retraites, gelant l’ancienneté des fonctionnaires et taillant dans leurs effectifs. Profitant d’un certain redémarrage de l’économie, Costa a mis fin à cette avalanche de mesures d’austérité, sans toutefois les annuler toutes, et surtout sans rendre aux travailleurs tout ce qu’ils ont perdu.

Costa se vante de ses réussites économiques, bien modestes, et du retour de certains des 500 000 jeunes qui ont émigré pour trouver du travail. Mais les salaires restent très bas, les contrats précaires sont la règle, et les services publics sont dans la misère. Cela a suscité depuis novembre 2017 des grèves dans la fonction publique, en particulier chez les enseignants et dans les hôpitaux.

La différence, aujourd’hui, est que le PC et le Bloc ne soutiennent plus automatiquement Costa au Parlement. C’en est fini de la période du « bricolage », comme on a nommé le premier gouvernement Costa (2015-2019). Aux législatives d’octobre 2019, le PS a gagné 21 sièges de députés. Il ne manque à Costa que sept voix pour avoir la majorité. Il veut les négocier au coup par coup et a mis fin à son accord avec le PC et le Bloc.

En fait, ces opposants de gauche n’ont jamais osé mettre en danger le gouvernement : quand la droite vote en bloc contre une loi, il leur suffit de s’abstenir pour que le PS ait une majorité. Et quand il s’agit d’une mesure antiouvrière, comme ce 0,3 % d’augmentation, Costa peut toujours compter sur les votes de la droite.

La véritable opposition à la politique antiouvrière n’est pas à chercher du côté de ces partis de gauche si responsables, mais de ces travailleurs qui revendiquent.

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