Leur société

Macron : président des riches et certifié tel

Personne n’a jamais soupçonné l’OFCE d’être une officine de contestation sociale. Et pour cause, cet Observatoire français des conjonctures économiques a été fondé par Raymond Barre, dans le cadre de Sciences politiques, l’école où les futurs cadres de la bourgeoisie et de son État sont élevés en batterie.

Le dernier rapport de l’OFCE, publié mercredi 5 janvier, a donc légitimement surpris en haut lieu. On peut en effet y lire que la politique suivie par Macron et son gouvernement a eu pour résultat d’enrichir les 5 % les plus riches et d’appauvrir encore les 10 % les plus pauvres.

Les ministres et leurs porte-parole dans les médias ont aussitôt contesté le sérieux de l’étude en affirmant, par exemple, qu’elle ne tient pas compte de la gratuité accordée aux familles démunies dans certaines cantines scolaires. Ils ont aussi dit que l’augmentation du prix du tabac, qui pèse très lourdement sur les petits budgets, conduirait les fumeurs à arrêter, donc à faire des économies, ce que l’OFCE ne dit pas. Et d’aligner d’autres arguments du même ordre, de nature à surprendre l’économiste le mieux disposé à l’égard du gouvernement. Enfin selon l’argument suprême utilisé par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, après bien d’autres, « il ne sert à rien de redistribuer de la richesse, pour sortir de la pauvreté il faut donner un travail à chacun ». Et d’ajouter que 500 000 emplois auraient été créés depuis l’an I de la macronie.

Ce chiffre était aussi celui donné par Macron lors de ses vœux, mais cela ne le rend pas plus sérieux. Dans un pays industriel, peuplé de 66 millions d’habitants, que signifient 500 000 emplois nouveaux en plus de deux ans ? Toute la question est de savoir combien ont été détruits dans le même temps, et par quel type d’emplois et en quelle proportion ils ont été remplacés.

Les emplois détruits, ceux qui résultent des grands plans de licenciements et ceux qui les suivent sans bruit chez les sous -traitants, sont le plus souvent des CDI à temps plein concernant des travailleurs ayant de l’ancienneté. Les nouveaux emplois sont précaires, à temps partiel, payés au plus bas, sans ancienneté et donc, surtout lorsqu’ils concernent les travailleurs les moins qualifiés, ne permettent pas de vivre. De plus, les emplois créés le sont rarement là où les anciens ont disparu.

L’OFCE remarque même qu’une des raisons de la baisse de revenu des plus modestes réside dans les dernières mesures gouvernementales sur l’emploi précaire et la réforme de l’assurance chômage. Et le gouvernement a prévu de poursuivre ces attaques contre les travailleurs précaires en réduisant encore leur indemnité chômage entre deux missions !

Macron n’est pas seulement le président des riches. Il l’est avec un certificat de l’OFCE.

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