Dans les entreprises

Novares – Libercourt : trois jours de grève

Novares est une usine qui fabrique en flux tendu des composants plastiques pour l’industrie automobile. Il y a trois ans, le groupe fermait un de ses sites de production à Lens et envoyait les salariés travailler à Libercourt, dans le Pas-de-Calais, supprimant au fil du temps 140 emplois.

trois jours de grève

Si les deux sites comptaient au total 370 salariés, le site de Libercourt n’en compte plus que 220. Comme le disent certains travailleurs, il s’est agi d’un plan social déguisé.

Depuis leur arrivée sur ce site, les ex-salariés du site de Lens avaient conservé leurs anciens horaires de travail. La direction a bien essayé de se servir de cela pour diviser les ouvriers entre eux mais, en mars 2019, ceux-ci avaient montré qu’ils n’étaient pas prêts à le laisser faire. Ils avaient fait grève tous ensemble et avaient arraché une prime gilets jaunes de 1 000 euros.

Il y a quelques mois, la direction a voulu modifier les horaires de travail des ex-salariés de Lens pour les faire travailler plus. Mais le contexte de mobilisation contre la réforme des retraites lui faisait craindre que la grève n’éclate à l’usine. Elle a repoussé son plan de quelques mois et c’est dernièrement que l’annonce a été faite.

Une soixantaine de salariés ont répondu à cela par une grève de trois jours, à l’initiative des militants du syndicat Force ouvrière. Les grévistes demandaient deux jours de RTT en plus pour ceux dont les horaires de travail seraient modifiés et le renouvellement de la prime de 1 000 euros.

La direction, aidée par quelques responsables de la CFDT, a fait pression dans les ateliers pour répéter en boucle qu’une grève risquerait de mettre en difficulté l’avenir de l’usine. Certains chefs ont menacé ceux qui hésitaient à rejoindre la grève de les changer d’équipe, pendant qu’un responsable CFDT disait qu’il fallait appeler les forces de police.

La direction a aussi tenté d’intimider et de démoraliser les grévistes en envoyant son huissier sur le piquet de grève et en faisant appel à des intérimaires pour briser la grève. Cela n’a pas fonctionné. Le DRH du groupe faisait les cent pas dans l’usine en criant, très en colère que la grève l’empêche de prendre son avion pour aller passer le week-end en Espagne. Le dernier jour, un groupe compact d’une quinzaine de cadres en gilet jaune est même venu au contact des grévistes. Conscients qu’il s’agissait d’une provocation grossière, ceux-ci ont su garder leur sang-froid.

D’un bout à l’autre de la grève, ils sont restés soudés et ont montré que contester le pouvoir du patron dans l’usine était possible. Un gréviste disait que les liens de solidarité forgés sur le piquet se retrouveront dans les ateliers : désormais on peut compter les uns sur les autres. S’ils ont repris le travail sans que toutes leurs revendications soient satisfaites, et en ne gagnant qu’un jour de RTT, ils sortent renforcés par la lutte et plus unis qu’avant. C’est la graine qui fera germer la révolte dans les prochains combats.

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