Libye : terrain des rivalités entre puissances05/02/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/02/2688.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Libye : terrain des rivalités entre puissances

Le 19 janvier, la conférence de Berlin sur la Libye appelait à un cessez-le-feu permanent, invitant les puissances présentes à s’abstenir de toute ingérence dans le conflit armé.

Quinze jours plus tard, le représentant de l’ONU dénonce la livraison massive d’armes, d’équipement, d’éléments d’infanterie, l’arrivée de combattants étrangers par milliers et l’augmentation notable de vols cargos – plusieurs par jour - en Libye.

Du côté de Fayez el-Sarraj, chef du gouvernement officiel qui ne contrôle qu’une petite région autour de Tripoli, s’est rangé le président turc Erdogan. Depuis début janvier, celui-ci a déployé en Libye plusieurs milliers de mercenaires venus de Syrie, jusque-là engagés contre Bachar el-Hassad. En intervenant ainsi, Erdogan veut imposer la Turquie comme puissance incontournable en Méditerranée, et au passage mettre la main sur de nouveaux gisements de gaz naturel découverts dans le sud-est de la Méditerranée.

Du côté du maréchal Haftar, qui fait depuis avril 2019 le siège de Tripoli et contrôle 80 % du territoire libyen, l’Égypte et les Émirats arabes unis organisent un véritable pont aérien pour lui livrer du matériel militaire. Haftar est soutenu par les alliés de l’Arabie saoudite et, derrière elle, par les États-Unis. Il profite en même temps de l’aide de Poutine, qui a dépêché à ses côtés des mercenaires russes d’une société privée. Il profite encore du soutien, discret mais bien réel, de la France.

Les puissances européennes, de leur côté, ne veulent pas être chassées du terrain libyen. L’Italie, ancienne puissance coloniale, soutient Sarraj, qui a concédé au groupe pétrolier italien Eni, via la compagnie nationale libyenne, l’exploitation des principaux puits de pétrole libyens.

L’Eni et l’Italie sont en concurrence avec Total et la France. Tout en reconnaissant le gouvernement de Sarraj, le gouvernement français livre des armes à Haftar, en meilleure posture pour contrôler l’ensemble de la Libye. Il dénonce l’ingérence turque, mais reste silencieux sur celle de l’Égypte, des Émirats et sur la sienne…

La France porte une responsabilité écrasante dans le chaos libyen et ses répercussions dans le Maghreb et le Sahel. En 2011, Sarkozy avait impulsé l’intervention militaire occidentale qui a abouti à la chute puis l’assassinat de Khadafi.

Aujourd’hui, Macron et Le Drian manœuvrent pour affaiblir Sarraj et favoriser Haftar. Ils contribuent à faire de la Libye un champ de bataille livré aux multiples milices. Ces grandes manœuvres sont payées par la population libyenne, maintenue dans la guerre permanente, et par les migrants africains, livrés à des esclavagistes des temps modernes. De la Turquie à la France, les différentes puissances sont en train de faire de la Libye une nouvelle Syrie.

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