Au bonheur des banquiers05/02/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/02/2688.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Au bonheur des banquiers

Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a salué « le plus grand succès que nous ayons obtenu en termes de création de produits financiers ».

Il parle des 84 000 plans épargne-retraite (PER) souscrits en trois mois, depuis leur lancement. Le ministre s’en félicite d’autant plus que, s’il a bien créé ce produit financier, il l’a fait juste quand le gouvernement annonçait sa réforme des retraites. Une coïncidence voulue pour satisfaire, côté grand public, les futurs retraités qui en ont les moyens et, côté affaires, les banques et compagnies d’assurances chargées de diffuser le PER.

Depuis des mois, le gouvernement présente son attaque généralisée sur les retraites comme une amélioration visant à plus de justice. C’est pour la galerie. Les banquiers et les assureurs, qui eux ne se payent pas de mots, n’ont guère eu de difficulté à persuader leur clientèle aisée qu’avec cette réforme les retraites allaient fortement baisser. Pour ceux qui ont de quoi se prémunir, cela tombe bien, il y a le PER, avec ses douceurs sonnantes et trébuchantes offertes par le gouvernement : défiscalisation des montants versés, possibilité d’y transférer sans pénalité d’autres placements financiers…

Le ministre avait vanté, repris par toute la presse boursière et économique, le PER comme « le produit phare de complément à la préparation à la retraite » et, ajoutait-il, « tout en améliorant le financement de notre économie ». Le gouvernement veut ainsi séduire son électorat, la petite et moyenne bourgeoisie. Mais ceux dont sa réforme des retraites fait les affaires en grand, ce sont les organismes financiers. Ceux-ci piaffent de placer des contrats privés de retraite par capitalisation sur les ruines du système général par répartition mis en pièces par la réforme .

Les financiers, qui ont engrangé un demi-milliard d’euros en trois mois avec le PER, n’ont même pas à en remercier Le Maire. En satisfaisant les desiderata du grand capital et en se conformant aux ordres de la finance, le gouvernement a juste fait ce qu’ils attendent de lui .

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