Élections municipales

Les grosses ficelles de Castaner

Depuis la IIIe République, l’État charge les préfets de classer d’office les candidats en grandes tendances politiques, sans leur demander leur avis.

Beaucoup de maires, dans les petites communes notamment, ne voient pas d’un très bon œil le fait d’être ainsi rattachés d’office à une tendance politique, alors que leur liste est sans étiquette. C’est à la demande de ces maires ruraux que le gouvernement a relevé le seuil de population à partir duquel ce nuançage d’office serait effectué par les préfets : jusqu’alors réservé aux communes de plus de 1 000 habitants, le nuançage ne se ferait plus désormais que dans celles de plus de 9 000 habitants.

Mais, au passage, le ministre de l’Intérieur Castaner a glissé dans sa circulaire une petite entourloupe pas très fine : si, de façon logique, de nouvelles tendances politiques ont été créées pour ce scrutin (liste gilets jaunes ou animalistes), une nouvelle tendance a été baptisée LDVC (liste divers centre), qu’il est loisible aux préfets d’attacher aux listes « qui, sans être officiellement investies par La République en marche ou le MoDem », seront soutenues par ces mouvements.

La ficelle est un peu grosse : chacun sait que le parti macroniste aura du mal à présenter suffisamment de listes aux municipales, et risque de faire en bien des endroits de faibles scores, vu la détestation que suscite le gouvernement dans les milieux populaires. Castaner a trouvé la solution : il suffira donc que le parti présidentiel dise soutenir une liste, pour que celle-ci soit comptabilisée, dans les résultats nationaux, comme LDVC et donc pro-Macron ! La disposition est d’autant plus choquante que cette tendance « liste soutenue par » n’existe pour aucun autre parti.

Modifier la façon de compter pour arranger les résultats, c’est le b.a-ba des partis au pouvoir.

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