Davos : le rendez-vous des exploiteurs22/01/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/01/2686.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Davos : le rendez-vous des exploiteurs

Près de 3 000 participants étaient attendus au cinquantième Forum économique mondial de Davos, qui s’est ouvert mardi 21 janvier dans la charmante station de ski suisse. Grands patrons et chefs d’État s’y retrouvent cette année sous le slogan « Parties prenantes pour un monde cohésif et soutenable ».

Il en coûte 55 000 à 550 000 euros pour être membre ou partenaire du WEF (World economic forum), géré par une société de droit privé. Mais les organisateurs savent être généreux et, pour illustrer leur ouverture d’esprit, ils invitent chaque année des représentants d’ONG et des activistes plus ou moins connus. Cette année, ces derniers y côtoient près de 119 milliardaires parmi les grands patrons censés débattre des moyens d’aller vers un capitalisme responsable pour l’humanité et la planète.

Le club des riches s’est donc mis à la page : chaque participant a été invité à laisser son jet privé au garage et à emprunter un avion de ligne ou, mieux encore, à prendre le train. L’usage d’ustensiles jetables et le plastique ont été bannis et des buffets sans viande ont été dressés. Les milliardaires au régime ont pu participer à la table ronde « Comment éviter l’apocalypse climatique » où est intervenue Greta Thunberg.

La jeune militante a, une fois de plus, constaté l’inaction des dirigeants économiques et politiques de la planète. D’autres, comme le secrétaire général de l’ONG WWF, font mine de croire à une énorme prise de conscience des grands patrons, attribuant son absence de résultat aux réticences des échelons inférieurs.

Il est vrai que les patrons des grands groupes ne sont pas avares de déclarations vertes. De la dirigeante de Solvay, le géant belge de la chimie, aux banques et aux groupes financiers comme BlackRock, tous se déclarent prêts à bouleverser leur politique de production ou d’investissement. Dans la lettre annuelle du groupe publiée le 14 janvier, le PDG de BlackRock a même averti solennellement que les entreprises, les investisseurs et les gouvernements qui ne s’engageraient pas dans la lutte contre le réchauffement climatique devaient s’attendre à une réallocation significative des capitaux. De la part d’un requin de la finance qui reste l’un des premiers investisseurs des compagnies pétrolières et de la déforestation en Amazonie, cette menace doit faire trembler tous les pollueurs !

Quant aux organisateurs, ils ont solennellement lancé une initiative pour planter 1 000 milliards d’arbres d’ici 2030, dans le cadre d’une plateforme publique-privée à laquelle peuvent adhérer les entreprises et les États. De grands humanistes, comme Mohamed Ben Salman pour l’Arabie saoudite ou Trump pour les États-Unis, ont d’ores et déjà annoncé leur participation.

Pendant quatre jours, les exploiteurs du monde entier et leurs représentants politiques prennent la pose pour la galerie et lâchent quelques millions aux bonnes œuvres qui tentent de réagir aux désastres humains et écologiques que leur économie provoque. Tout un cirque à l’image de leur monde, hypocrite et révoltant.

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