Un arrêté anti-épandages rédigé par les fabricants15/01/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/01/2685.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Un arrêté anti-épandages rédigé par les fabricants

Après des mois de polémiques, un arrêté vient d’être publié par le gouvernement, fixant une distance de sécurité toute relative pour les épandages de pesticides.

À partir du 1er janvier 2020, les agriculteurs devront respecter une distance de 5 à 10 mètres entre les zones d’épandage de pesticides et les habitations, et de 10 mètres à côté des maisons de retraite et des écoles. Cette distance sera portée à 20 mètres pour les produits reconnus les plus dangereux, qui ne représentent que 0,3 % des pesticides. Les glyphosates et les fongicides ne sont pas considérés comme tels, alors qu’ils sont pourtant fortement soupçonnés d’être responsables de cancers de travailleurs agricoles. On comprend que les riverains soient inquiets.

Les associations de protection de l’environnement sont vent debout contre ce décret, réclamant que la distance de sécurité soit d’au moins 150 mètres. Pour François Veillerette, le directeur de Générations futures, l’association qui avait saisi le Conseil d’État pour obliger le pouvoir à légiférer sur le sujet : « Dix mètres ou rien, cela s’avère identique. Il y a là un mépris flagrant des familles exposées et qui ne peuvent se protéger des dangers des pesticides. » Quant à la consultation lancée par le gouvernement pour connaître l’opinion des riverains, elle a été un vrai succès, puisque 53 000 réponses ont été collectées. Pourtant, ces dernières n’ont pas été publiées, preuve s’il en est que le gouvernement se moque de l’avis de la population.

En préconisant 5 à 10 mètres, le décret se contente de reprendre la recommandation inscrite sur les emballages des produits. Le seul avis que le gouvernement a pris en compte est celui des industriels producteurs de pesticides. Les intérêts de ces capitalistes comptent bien plus à ses yeux que la santé de la population et des travailleurs de l’agriculture, eux-mêmes victimes de ces produits nocifs.

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