Huile de palme : un seul carburant, le profit07/01/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/01/2684.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Huile de palme : un seul carburant, le profit

Total continuera-t-il à transformer l’huile de palme en carburant dans sa raffinerie de La Mède, dans les Bouches-du-Rhône ? Le feuilleton connaît un nouveau rebondissement.

Contrairement aux députés, le Sénat vient d’accorder de nouveau des dégrèvements de taxes permettant à Total de rentabiliser la transformation de 500 000 tonnes d’huile de palme par an.

Il y a peu, les pouvoirs publics avaient remis en cause ces dégrèvements sous la pression conjointe des écologistes, au vu des ravages causés dans les forêts de Malaisie et d’Indonésie d’où vient l’huile de palme, et des producteurs français de colza, amateurs de subventions, de pollution et de bénéfices bien de chez nous et plus particulièrement bien de chez eux.

L’huile de palme permet de jouer sur plusieurs tableaux. L’Indonésie et la Malaisie exportent 80 % de cette production. Les coûts sont très bas car les noix sont coupées, ramassées et convoyées à la main par des ouvriers agricoles ou des petits planteurs à peine mieux traités que des esclaves. Et, comme l’a dit crûment un responsable malaisien, « si on vend moins d’huile de palme, on achète moins de produits français, de matériels militaires ou d’Airbus ».

En 2002 la France, c’est-à-dire les capitalistes de l’armement, avait vendu deux sous-marins Scorpène à la Malaisie. En vertu de quoi, la Malaisie avait exporté pour 234 millions d’euros d’huile vers la France et certains facilitateurs avaient empoché une part du magot. Pour poursuivre cet échange de bons procédés, Total a transformé sa raffinerie désaffectée de La Mède en usine capable de transformer l’huile de palme en carburant. Le gouvernement lui avait promis que l’huile bénéficierait d’une détaxe au titre de l’écologie, prière de ne pas sourire. Indonésie et Malaisie se préparaient à fournir à Total 500 000 tonnes d’huile par an. De leur côté, Dassault est en négociation pour dix-huit Rafale, Naval Group a vendu six corvettes, Airbus quelques appareils. La ministre de la Défense est même venue parler stratégie sur place, montrant les beautés du porte-avions Charles-de-Gaulle et de ses Rafale embarqués.

Ce processus commercial un temps interrompu reprendrait donc, évidemment sous la pression de Total, qui veut rentabiliser ses installations, et celle de marchands de canons toujours à l’affût. Le Sénat est peuplé de personnes responsables et qui savent qu’une tartine peut se graisser à l’huile de palme. L’honorable assemblée avait, en 1996 déjà, produit un rapport sur l’avenir prometteur des relations commerciales franco-indonésiennes au moment où la déforestation explosait pour cause de plantations de palmiers. Le rapport se concluait par la mention d’une réunion avec les industriels de l’armement et leurs représentants en Indonésie.

Quel système absurde et inhumain, qui détruit des forêts et dédie des terres arables à l’alimentation des moteurs plutôt que des humains, et tout cela pour vendre des armes !

Partager