Migrants : gouvernements de naufrageurs31/12/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2020/01/2683.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Migrants : gouvernements de naufrageurs

De plus en plus de migrants tentent de franchir la Manche à bord d’embarcations légères inadaptées à cette traversée, et les naufrages se multiplient.

Dans la nuit du 29 décembre, onze personnes, dont deux enfants en bas âge et deux adolescents, ont ainsi été récupérées par les sauveteurs à 5 kilomètres au large de Calais. Quelques heures plus tard, vingt autres étaient sauvées au large de Dunkerque, dont une femme enceinte, dans un canot qui prenait l’eau. Trois jours auparavant, 71 migrants en détresse avaient été secourus par les navires français et britanniques.

Ces naufrages sont la conséquence de la politique menée par la France et la Grande-Bretagne visant à verrouiller toujours davantage la frontière. Les ministres de l’Intérieur des deux pays travaillent de concert pour renforcer les moyens permettant d’intercepter ceux qui tentent la traversée. Leurs rencontres ont débouché sur l’augmentation du nombre de patrouilles sur le littoral, l’acquisition de véhicules tout-terrain, l’utilisation de drones et d’équipements de vision nocturne destinés à pourchasser les migrants. Des millions d’euros ont été dépensés dans ce but, alors que sur le littoral les exilés ne peuvent compter que sur l’aide des organisations humanitaires pour manger, s’abriter ou bénéficier d’un minimum d’hygiène. Et certains politiciens locaux contribuent eux-aussi à les persécuter, comme la maire de Calais, Natacha Bouchard, dont les arrêtés municipaux de 2017 visant à empêcher la distribution de nourriture aux exilés viennent finalement d’être annulés par la justice.

Mais loin de dissuader les candidats au passage, les autorités des deux pays les obligent seulement à tenter le tout pour le tout au risque de leur vie. Ils se lancent de nuit, pensant avoir moins de risques d’être repérés, sur une mer qui concentre une grande partie du trafic maritime mondial. La manière dont les policiers français les harcèlent pour leur rendre la vie impossible contribue seulement à les pousser dans les bras des passeurs, qui les laissent se débrouiller après leur avoir fait payer à prix d’or une embarcation ne tenant pas la mer. Et pour les migrants sauvés, ou pour ceux dont on retrouve le corps sur les plages, combien périssent en mer sans laisser de trace ?

Sur la Manche, comme en Méditerranée, c’est une politique criminelle que mènent les grandes puissances européennes.

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