RATP : la lettre de la direction, c’est direct à la poubelle !18/12/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/12/2681.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

dans le mouvement

RATP : la lettre de la direction, c’est direct à la poubelle !

Des dizaines de milliers de courriers postaux, rien de moins : c’est ce que la direction de la RATP a envoyé à ceux de ses agents sous statut qui sont entrés dans l’entreprise avant 1985. Dans ce courrier, le DRH fait aux plus anciens la promesse d’une transition adaptée et individualisée vers le nouveau régime de retraite.

Il leur indique même précisément la date d’ouverture de leurs droits à la retraite. Mais, comme pour les contrats d’assurance, il faut lire les lignes écrites en petit et les astérisques, qui précisent que l’on ne saura la vraie date de départ en retraite qu’en… 2024, et qu’elle ne sera effective que si l’agent fait toute sa carrière à la RATP, alors que celle-ci va bientôt être ouverte à la concurrence.

Cette démarche n’a surpris personne. La direction n’en est pas à son coup d’essai pour tenter de désamorcer un conflit par voie postale. En 2003, le gouvernement lançait une attaque contre les régimes de retraite des fonctionnaires et les régimes spéciaux. Pour arrêter la grève dans les transports, il avait prétendu reporter ses attaques sur les régimes spéciaux. Anne-Marie Idrac, la présidente de la RATP, avait alors envoyé un courrier à tous les agents leur garantissant les 37,5 annuités permettant de toucher une retraite complète. Promesse de menteurs ! Aujourd’hui, les agents RATP doivent eux aussi cotiser 42 annuités, comme les travailleurs du privé.

En 2007, Sarkozy s’attaquait de nouveau aux régimes spéciaux. Là encore pour arrêter la grève, le PDG de l’époque, Pierre Mongin, s’engageait à son tour par écrit à ce que les agents entrés avant le 1er janvier 2009 conservent leur régime et leurs bonifications. Début 2019, dans de nombreux secteurs de l’entreprise, comme à l’ingénierie et au département infrastructure, la direction de la RATP faisait mine de découvrir que les dispositifs de bonification des agents de maîtrise et des cadres étaient illégaux. Elles les a donc supprimés, obligeant certains à travailler jusqu’à trois ans de plus pour prendre leur retraite.

Les grévistes sont convaincus que seul le rapport de force qu’ils viennent d’engager peut mettre un frein aux attaques. Lorsque les agents ont reçu le dernier courrier de la direction, ils l’ont rangé avec les promesses de madame Idrac et de monsieur Mongin... à la poubelle.

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