Delevoye : la retraite d’un cumulard18/12/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/12/2681.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

dans le mouvement

Delevoye : la retraite d’un cumulard

Un oubli, ça va déjà pas, treize oublis, bonjour les dégâts ! En dix jours, le cas de Jean-Paul Delevoye s’est sérieusement aggravé. Ses treize oublis ont emporté le M. Retraite du gouvernement, qui a dû donner sa démission.

Présenté comme l’homme indispensable, maîtrisant le dossier des retraites et capable de dialogue avec les syndicats, au point que certains de leurs dirigeants ont salué ses talents, le personnage de Delevoye devenait embarrassant.

Ce politicien de droite, rallié à Macron en 2017, n’avait visiblement pas compris que, depuis un certain nombre de scandales, il faut donner au moins l’illusion de la probité. Il a donc traité par-dessus la jambe ses obligations vis-à-vis de la Haute autorité de la transparence, qui exige d’un ministre qu’il déclare toutes ses éventuelles activités parallèles.

Lui s’est défendu, en mettant ses activités, pour la plupart non rémunérées, sur le compte d’un bénévolat de bon aloi. Mais, comme par hasard, il s’agissait d’activités qui lui permettaient d’entretenir de bonnes relations, entre autres, avec les milieux de l’assurance. Les assureurs lorgnant sur le magot des régimes de retraite depuis toujours, on a du mal à croire à l’objectivité de Delevoye en matière de réforme de ceux-ci.

Il y avait aussi le problème des rémunérations de deux de ces activités, qui venaient s’ajouter à ses 10 000 euros mensuels de haut-commissaire aux retraites. Ce cumul est totalement interdit par la Constitution, mais personne n’y a trouvé à redire, ni la Haute autorité, ni le président, ni le gouvernement. Cerise sur le gâteau, si on peut dire, ses déclarations des montants ont été sous-évaluées de moitié. Et parler d’activités pour mériter ces rémunérations, plus de 5 000 euros mensuels pour l’une d’entre elles, relève du mythe, puisqu’elles consistent à assister à une réunion mensuelle.

Mais ce montant est, paraît-il, calculé en proportion du pedigree de Delevoye, un homme à la carrière bien remplie. Qu’on en juge : cet ex-chiraquien a été vingt ans conseiller général, trente ans maire, dix ans président de l’Association des maires de France, deux ans député, dix ans sénateur, deux ans ministre, sept ans médiateur de la République, cinq ans président du Conseil économique et social. Une avalanche de postes et de responsabilités qui lui ont permis de connaître beaucoup de monde, y compris tous les députés de Macron puisqu’il était dans la commission qui les a désignés.

Désormais libéré de ses obligations gouvernementales, Delevoye pourra enfin additionner ses bénévolats rémunérés et ses quatre retraites : régime général, élu local, sénateur et député. Car celui qui avait en charge de faire avaler la pilule amère d’allonger la durée de carrière de tous pour une pension réduite, peut cumuler quatre retraites. Et là on ne parle ni de régime spécial, ni de privilèges, ce cumul n’est pas visé par la réforme... qu’il a d’ailleurs déclaré être toujours prêt à défendre.

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