RATP : une grève massive et dynamique11/12/20192019Journal/medias/journalarticle/images/2019/12/P8_Pancarte_ligne_13_10_decembre_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Le 5 décembre et la suite

RATP : une grève massive et dynamique

Depuis jeudi 5 décembre, la plupart des lignes du métro et du RER sont complètement fermées, sauf certaines aux heures de pointe. Lundi 9 décembre, les grévistes ont été agréablement surpris de se retrouver nombreux, dans les terminus de conducteurs, avec des taux de grévistes toujours impressionnants – 85, 90, 99 % – mais aussi aux bus, à la maintenance, à l’ingénierie.

Illustration - une grève massive et dynamique

Dans quasiment tous les secteurs ont eu lieu des assemblées générales, tenues le plus souvent par des syndicalistes, de l’UNSA en particulier au métro, où elle est le syndicat le plus important électoralement, mais aussi de la CGT ou de SUD. Pour tous les présents, il s’agit de se battre pour le retrait total du projet de retraite à points.

Certains syndicalistes auraient préféré que, une fois la première assemblée générale tenue et la grève votée, les grévistes restent chez eux en attendant des nouvelles. Ils sont arrivés à leurs fins dans certains secteurs mais, dans bien d’autres, les assemblées générales continuent à se tenir.

Les assemblées générales ont reconduit massivement la grève, parfois jusqu’au vendredi 13, et ont rejeté en bloc la proposition insultante de la clause du grand-père. Comme si les travailleurs pouvaient accepter que leurs enfants subissent ce qu’eux-mêmes ne veulent pas !

Quant aux révélations concernant Delevoye, ses multiples salaires et retraites ajoutés à ses accointances avec les sociétés d’assurance alléchées par le projet Macron, elles ont soulevé l’indignation et rajouté à la colère.

Un sentiment largement partagé dans les assemblées générales est que la grève peut durer. Certains ont même prévu d’installer le sapin de Noël sur les piquets de grève, pour bien montrer leur intention au gouvernement. Les plus anciens rappellent qu’en 1995 il avait fallu trois semaines pour faire céder Juppé. En tout cas, si le mouvement grandit encore après les annonces du gouvernement, la grève sera sur la bonne voie pour gagner, c’est-à-dire pour imposer le retrait du projet Macron de retraite à points.

Métro ligne 9 – Terminus de Saint-Cloud

Lundi 10 décembre, il n’y avait qu’un seul non-gréviste au terminus. Les grévistes ont mis en place un comité de grève comptant huit membres élus et révocables. Leur volonté est de rassembler tous les grévistes, syndiqués ou non-syndiqués, au-delà de leur terminus. C’est ainsi que des assemblées générales les ont regroupés avec ceux du dépôt de bus voisin de la porte de Saint-Cloud, appelé le dépôt du Point-du-Jour, et du dépôt de la Croix-Nivert.

Mardi 10 décembre, il a été voté de réunir les assemblées générales tous les jours pour reconduire la grève, et de faire tout pour y être le plus nombreux. Il a été aussi décidé de partir en manifestation ensemble, en un cortège unique, tous métiers confondus.

Dépôt de bus de Thiais

Au dépôt de bus de Thiais, situé près du Marché international de Rungis, environ 80 % des travailleurs sont en grève chaque jour depuis le 5 décembre. La grève est active, avec des assemblées générales quotidiennes, un comité de grève élu et des piquets de grève à partir de 4 heures du matin, sauf le week-end des 7 et 8 décembre où les grévistes sont arrivés à 10 heures, alors que les membres de la direction s’étaient déplacés à l’heure habituelle pour rien, ce qui a évidemment réjoui tout le monde.

Lundi 9 décembre, malgré la pluie, les grévistes se sont retrouvés à une centaine dès 4 h 30, montrant que le mouvement avait réussi à passer le cap du week-end et à convaincre les quelques non-grévistes, avant de rejoindre des travailleurs du dépôt de Créteil à un rassemblement près de la gare RER.

L’inquiétude des premiers jours de la grève est désormais oubliée : le mouvement est massif et déterminé. Ceux qui reprennent un jour ou deux se remettent en grève ensuite, et la conviction commune est qu’il faut se battre jusqu’au retrait total du projet, car une concession faite uniquement sur les régimes spéciaux entraînerait un retour du projet une fois la mobilisation retombée.

Dépôt de bus de Montrouge

Jeudi 5 décembre, le taux de grévistes atteignait 75 % aux dépôts de Montrouge et de Massy, du jamais-vu depuis 1995. L’assemblée générale de Montrouge regroupait des travailleurs de la RATP en grève mais aussi des enseignants, des étudiants et des gilets jaunes venus apporter leur soutien physique et financier. Un comité de grève a été élu pour mettre en pratique les décisions des assemblées générales et prendre des contacts avec les autres secteurs.

Lundi 9 décembre, après l’assemblée générale, les grévistes sont allés prendre la parole au centre de tri de La Poste voisin, ainsi qu’aux assemblées générales des étudiants de l’École normale supérieure et de Jussieu, pour finir par rejoindre les cheminots grévistes de Châtillon.

Dépôt de bus de Lagny

Au dépôt de bus de Lagny, près de la porte de Vincennes, un piquet de grève se tient chaque matin depuis le 5 décembre, regroupant entre 40 et 90 conducteurs de bus suivant les jours, auxquels s’ajoutent de nombreux soutiens étudiants et enseignants. Lundi 10 décembre, ceux-ci étaient plus d’une centaine et le dépôt est resté bloqué jusqu’à 8 h 45.

Aux assemblées générales, la reconduite de la grève est votée tous les jours, ainsi que le retrait total du projet du gouvernement. Les grévistes sont déterminés et sont nombreux à affirmer qu’ils ne se battent pas seulement pour eux, mais aussi pour les générations futures, et pour résister à toute l’évolution de la société dominée par le profit, la division et l’individualisme.

Ils mettent aussi en cause la loi LOM (loi d’orientation des mobilités) qui vise à faire des dépôts de bus un marché pour les capitalistes. L’état d’esprit est marqué par la fierté de se battre, la solidarité et la volonté de ne pas rester isolés. Ainsi, des regroupements et des actions ont lieu tous les jours avec d’autres grévistes de la RATP (lignes 2 et 6, dépôt des Lilas), des professeurs et des étudiants, dans une ambiance chaleureuse.

Maintenance itinérante

En grève les jeudi 5 et vendredi 6 décembre, une trentaine de travailleurs ont décidé de reprendre tous ensemble le travail le soir du 6, deux heures seulement avant la fin de service : il s’agissait d’obliger la direction à ne pas leur compter le week-end en grève… et bien sûr de se remettre en grève le lundi.

Lundi 9 décembre, le taux de grévistes s’est maintenu aux alentours de 50 % après le week-end, ce qui a été une bonne surprise pour tout le monde dans ce secteur éparpillé et traditionnellement peu gréviste.

Plutôt que de se couper des travailleurs qui avaient repris le travail, le comité de grève, élu jeudi 5 décembre, avait décidé d’appeler à une réunion commune de grévistes et de non-grévistes. Cela a été l’occasion de constater que tout le monde rejette la réforme en bloc, même si certains travailleurs calculent leurs jours de grève pour ne pas perdre trop d’argent.

Secteur de Bagnolet - Porte des Lilas

Lundi 9 décembre, dans le nord-est de Paris, environ 150 grévistes des lignes de métro 3, 3 bis, 11, de la maintenance du métro et du dépôt de bus des Lilas, ainsi que des enseignants du secteur, se sont retrouvés pour une assemblée générale commune.

L’ambiance était dynamique et remontée : se retrouver nombreux, après plusieurs jours de grève passés sur les piquets, a permis de se renforcer et de confirmer la détermination à mener la grève jusqu’au retrait.

Les prises de parole de syndiqués et de non-syndiqués allaient dans ce sens. En particulier, les grévistes ont dénoncé les pièges du gouvernement visant à les diviser, tant à travers la clause du grand-père, pour la RATP, qu’à travers les promesses d’augmentation salariale faites par Blanquer aux enseignants. Ils ont proposé de partir le lendemain dans un cortège commun pour rejoindre la manifestation, qu’on soit du métro, des bus ou enseignants. Dans la foulée de l’assemblée générale, certains grévistes de la RATP sont allés discuter de la suite de la grève dans des réunions d’enseignants de Bagnolet. Tous avaient bien en tête que les privilégiés ne sont pas ceux que le gouvernement désigne, et que c’est ensemble, salariés du public et du privé, que les travailleurs pourront faire reculer le gouvernement.

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