Lycée Angela-Davis – Saint-Denis : Blanquer exploite la presse de caniveau11/12/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/12/2680.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Le 5 décembre et la suite

Lycée Angela-Davis – Saint-Denis : Blanquer exploite la presse de caniveau

Au lycée Angela-Davis de Saint-Denis, un article de L’Express, en date du 4 décembre, a provoqué la colère des enseignants. D’après ce journal, le lycée subirait la dictature de professeurs d’extrême gauche. Ainsi ces enseignants imposeraient à l’établissement des grèves à répétition, attiseraient la méfiance des élèves envers le système éducatif et toléreraient des élèves portant le voile dans leurs cours. La conférence sur les violences policières tenue au lycée par Assa Traoré, sœur d’Adama mort entre les mains des gendarmes, aurait aussi contribué à entraîner les élèves « dans une spirale de rancœur et de violence ». L’article épinglait également le lycée Joliot-Curie de Nanterre.

Son auteure s’était déjà distinguée par une prétendue enquête sur la ville de Saint-Denis, présentée comme un nid d’extrémistes islamistes et qualifiée de Molenbeeck-sur-Seine. Ses méthodes journalistiques douteuses avaient d’ailleurs été démontées par une contre-enquête de l’émission Arrêt sur image.

Le matin même de la publication de l’article, deux responsables de l’Inspection académique investissaient la salle des professeurs pour vérifier si « les principes de la laïcité étaient bien respectés » dans l’établissement. Et, le jour même, le ministre Blanquer donnait une interview au même journal L’Express. Les ministres sont beaucoup moins prompts à réagir lorsqu’il s’agit de répondre aux revendications légitimes des enseignants et des élèves. De Blanquer et de L’Express, on se demande qui a inspiré l’autre. Blanquer y accuse une prétendue minorité politisée d’être « la première cause de discrimination » des élèves en les poussant à l’échec et d’être responsable du « sabotage des progrès sociaux » et conclut qu’il prendra « toutes les mesures disciplinaires qui s’imposent ».

C’est une menace directe contre des enseignants qui se battent effectivement contre les conditions indignes d’accueil des élèves, entassés à 35 dans certains cours, et parfois victimes de violences aux abords du lycée. Mais si l’objectif était de faire baisser la tête aux enseignants, c’est raté. Ils se sont mis massivement en grève contre la réforme des retraites menée par Macron. Ils s’organisent pour qu’aucun d’entre eux ne soit injustement sanctionné, et pour faire connaître la vie et les conditions de travail dans leur établissement.

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