Leur société

APL : les jeunes travailleurs ciblés

Celles et ceux qui perçoivent l’APL ou une autre aide au logement viennent de recevoir un courrier leur indiquant que le mode de calcul de leur allocation change à partir du 1er janvier. Le montant sera réactualisé chaque trimestre en fonction des revenus perçus les douze mois précédents, alors que pour l’instant les revenus pris en compte sont ceux perçus deux ans plus tôt.

Le gouvernement tire parti du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu, grâce auquel la Caisse d’allocations familiales, qui gère les APL, pourra obtenir du fisc le montant des revenus des mois écoulés. Présentée comme une mesure de bon sens et même de justice, c’est une nouvelle attaque contre les jeunes qui commencent à travailler et contre tous ceux qui retrouvent un emploi, même précaire, après une période de chômage. L’Union nationale pour l’habitat des jeunes, qui fait partie du Mouvement d’éducation populaire, prend l’exemple d’un jeune isolé de moins de 25 ans entrant dans la vie active avec un revenu autour de 750 euros et payant un loyer de 400 euros. Alors qu’il touche actuellement 366 euros d’APL, il ne percevra plus que 165 euros au bout d’un an. Son loyer passera de 6 à 31 % de son revenu, déjà insuffisant pour vivre, et dans de pareilles conditions il lui sera encore plus difficile de trouver un loueur.

Le gouvernement sait très bien ce qu’il fait, puisqu’il prévoit une économie de 1,3 milliard d’euros sur les APL dans le budget de 2020. Selon Le Figaro, sur les 6,5 millions d’allocataires, la réforme devrait faire perdre en moyenne 1 000 euros par an à 1,2 million d’entre eux. 600 000 familles seraient carrément privées d’aide. Le même journal s’inquiète d’ailleurs que cette réforme ait été annoncée aux allocataires au plus mauvais moment, sur un terrain miné par le mouvement qui s’oppose à l’attaque contre les retraites. C’est en effet un contexte qui ne peut qu’encourager à contester cette mesure, comme toutes les autres.

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