Prisons : détenus laissés à l’abandon27/11/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/11/2678.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Prisons : détenus laissés à l’abandon

La contrôleuse des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, vient de publier au Journal officiel un rapport qui dénonce l’abandon généralisé des prisonniers souffrant de problèmes psychiatriques.

Leur sort n’intéresse absolument pas les autorités, qui n’ont pas commandé d’études épidémiologiques sur la santé mentale en prison depuis douze ans. Autant qu’on le sache, les trois quart des détenus souffrent de troubles mentaux, dont un quart de pathologies psychotiques graves, qu’ils aient été atteints avant d’être incarcérés ou que la prison ait déclenché ou aggravé ces troubles.

Dans la grande majorité des établissements pénitentiaires visités, la contrôleuse a constaté de nombreuses difficultés pour accéder à des soins psychiatriques : manque de personnel médical, délais importants pour obtenir un rendez-vous avec un psychiatre, etc. L’accès aux soins, déjà compliqué à l’extérieur, est encore plus réduit en prison.

La diminution du nombre de lits en hôpital psychiatrique est une politique constante depuis au moins une vingtaine d’années. Elle a mené bien des malades à la rue, puis en prison. Le rapport constate cette évidence : « La progression inquiétante du nombre des détenus en maisons d’arrêt ne s’est pas accompagnée d’un développement parallèle des moyens de santé. » Il ajoute : « Le personnel pénitentiaire n’est pas formé pour appréhender et gérer la maladie mentale. » En effet les hôpitaux, quand ils ont les moyens nécessaires, sont les lieux adaptés aux malades, mais pas les prisons.

Des détenus sont tout de même parfois transportés de l’établissement pénitentiaire à l’hôpital, mais avec contention systématique, c’est-à-dire en camisole de force. Le rapport précise : « Une telle mesure ne devrait être mise en œuvre que sur prescription médicale et en raison du comportement de l’intéressé, jamais en raison de son statut. » Mais voilà, ce transport n’est pas assuré par des gardiens, mais par des infirmiers et des aides-soignants inquiets pour leur sécurité et dont le métier n’est pas de transporter des prisonniers…

Sans surprise le rapport conclut : « Des pathologies lourdes aggravées par l’enfermement et l’isolement, [débouchent sur] un risque de suicide accru et la banalisation d’atteintes quotidiennes aux droits fondamentaux, parfois de faible gravité, mais récurrentes. »

Tout ce que ce rapport vient rappeler est connu. Derrière les discours convenus sur les droits de l’homme, les dirigeants de l’État n’ont que mépris pour ceux qu’ils enferment.

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