Violences faites aux femmes : inertie de l’État13/11/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/11/2676.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Violences faites aux femmes : inertie de l’État

À l’heure où nous écrivons, 131 femmes ont été assassinées en France par un compagnon ou un ex-conjoint depuis le début de l’année 2019. Une femme est tuée tous les deux jours, parmi les 200 000 victimes annuelles de violences conjugales ou parmi les 80 000 victimes de viol ou de tentative de viol.

La 131e femme tuée l’a été dimanche soir 10 novembre, dans le Bas-Rhin. Sa fille, appelée à l’aide, est arrivée trop tard et, dénonce-t-elle, une demi-heure avant la gendarmerie. « Personne n’a voulu nous écouter, nous aider, ajoute-t-elle, à part des conseils du type “Il faut porter plainte Madame” ». Une main-courante et une plainte avaient été enregistrées, sans effet. Le 9 novembre, une femme était défenestrée dans l’Aube et, la veille, une autre étranglée à Levallois, toujours par des hommes qui se sentaient des droits sur elles.

La mise en scène du Grenelle des violences conjugales, commencé début septembre et qui doit se terminer le 25 novembre, consiste en dénonciations, déclarations d’intention, voire projets de mesures. Les moyens sont largement insuffisants pour mettre à l’abri rapidement – comme le prétend le Premier ministre – partout et tout de suite les femmes en danger. Les associations comme Osez le féminisme ou Nous toutes, dénonçant les insuffisances hypocrites du gouvernement, « qui ne fait que de la com’ », exigent qu’un milliard d’euros soit mis sur la table pour parer au plus urgent. D’ailleurs, les places supplémentaires d’hébergement, le bracelet antirapprochement géolocalisé, la généralisation du dépôt de plainte à l’hôpital, la création de procureurs référents dans les tribunaux, cet arsenal existe déjà. En outre, plusieurs centaines de témoignages de femmes traitées par le mépris, la moquerie ou pire, lors de leur tentative de dépôt de plainte dans un commissariat, ont été signalés en 2018.

Les exigences de ces associations, incluant les moyens financiers, comprennent la formation des professionnels à détecter les violences et à réagir de manière efficace, l’ouverture de places pérennes d’hébergement dans des lieux dédiés, la démultiplication des ordonnances de protection et la systématisation des bracelets électroniques pour les compagnons violents condamnés, la prévention obligatoire et systématique à l’école, l’obligation faite aux entreprises de prévenir effectivement les violences sexistes et sexuelles au travail et de protéger les femmes victimes de violences conjugales.

Toutes ces mesures s’imposent. Le combat contre cette société qui impose aux femmes injustices et discriminations, ne serait-ce que par le biais de l’inégalité salariale, doit être mené ici et maintenant.

Une manifestation est appelée par le collectif Nous toutes et d’autres organisations syndicales ou féministes. Lutte ouvrière s’y associe.

Samedi 23 novembre à 14 heures à Paris place de l’Opéra

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