Hôpitaux : le 14 novembre et après, pour les salaires et les embauches13/11/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/11/2676.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpitaux : le 14 novembre et après, pour les salaires et les embauches

L’heure est à la mobilisation dans les services hospitaliers du pays à l’occasion de la journée du 14 novembre. Appelée par le collectif inter-hôpitaux qui réclame un plan d’urgence pour l’hôpital public, cette mobilisation montre que l’austérité, à laquelle les gouvernements successifs ont contraint le système hospitalier, ne passe plus.

Depuis six mois, les services d’urgence en lutte ont fait largement connaître les conditions de travail déplorables qui y règnent. Maintenant, ce sont les médecins hospitaliers, et pas uniquement les urgentistes, qui les dénoncent. Cela ne peut qu’encourager les nombreux travailleurs hospitaliers du pays à se mobiliser également.

En effet tous les types d’hôpitaux et de services sont étranglés financièrement : les petits hôpitaux et les maternités de proximité, dont beaucoup ont été fermés, mais aussi les Ehpad qui accueillent les personnes âgées, les hôpitaux psychiatriques, ainsi que les grands CHU.

Partout les Agences régionales de santé ont taillé dans le vif, sur ordre du gouvernement. Elles ont supprimé des lits d’hospitalisation, ce qui oblige les Urgences à mettre des patients sur des brancards dans les couloirs, le temps que des lits se libèrent dans les services d’aval.

Les postes d’infirmiers et d’aides-soignants ont aussi diminué, obligeant ceux-ci à courir incessamment pour apporter les soins nécessaires. Les postes de brancardiers, d’ASH qui font le ménage, de secrétaires médicales, d’ouvriers d’entretien, ont aussi subi des saignées qui transforment en casse-tête le fonctionnement quotidien des services. Un médecin urgentiste a ainsi expliqué qu’il était obligé de brancarder lui-même ses patients. Dans de nombreux Ehpad, le personnel souffre de ne pouvoir faire autrement qu’offrir des conditions indignes aux anciens qui y résident.

Les économies imposées se traduisent aussi par du manque de matériel, même basique. Ici, les infirmières courent pour trouver de quoi prendre la tension des patients. Là, ce sont les aides-soignantes qui cherchent des couvertures propres. Ailleurs, ce sont les ASH qui lavent les sols à l’eau claire, car il n’y a plus de produit d’entretien, la direction prenant le risque d’une hygiène défaillante.

Des médecins aux soignants, beaucoup s’épuisent à travailler dans de telles conditions. Les démissions deviennent courantes. Les étudiants en formation rechignent à la perspective de rejoindre les hôpitaux publics. Dans un hôpital psychiatrique, par exemple, les patients n’arrivent pas à voir de psychiatre aussi souvent que nécessaire.

Dans l’immédiat, seule une hausse importante des salaires hospitaliers – le chiffre de 300 euros de plus par mois circule – pourrait être une compensation partielle pour les personnels hospitaliers en poste et pour le manque d’attractivité de l’hôpital pour les nouveaux venus. C’est certainement un des objectifs importants de la mobilisation.

Le gouvernement craint que le légitime mécontentement du million de travailleurs des hôpitaux publics ne s’exprime et vienne renforcer la mobilisation interprofessionnelle du 5 décembre. Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, laisse entendre qu’elle serait en train de mener une bataille d’influence pour débloquer des fonds pour les hôpitaux auprès de l’Élysée, de Matignon et de son collègue des Finances, Darmanin. Mais jusqu’à présent aucune annonce concrète n’a été faite. Et comment croire que Buzyn aurait à cœur de financer correctement le système hospitalier, alors que sa politique a été un rabotage constant de ses moyens ?

L’inquiétude du gouvernement doit être un encouragement à la mobilisation des travailleurs hospitaliers le 14 novembre et après.

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