Autoliv – Poitiers : les dividendes avec la peau des travailleurs13/11/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/11/2676.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Autoliv – Poitiers : les dividendes avec la peau des travailleurs

La direction de l’usine Autoliv, située à 15 km de Poitiers et produisant des volants pour l’industrie automobile, vient d’annoncer 110 suppressions de postes. Après un précédent plan liquidant plus de 200 emplois en 2015, l’effectif, qui avait atteint jusqu’à 1 300 travailleurs il y a quinze ans, serait ainsi ramené à moins de 300.

L’usine poitevine fait partie de la multinationale américano-suédoise du même nom qui affiche des centaines de millions de dollars de bénéfices annuellement. Pour les neuf premiers mois de 2019, si les 307 millions de dollars de profits du groupe accusent une baisse de 163 millions par rapport à la période similaire de 2018, c’est principalement dû à une amende de 210 millions que ce groupe capitaliste doit payer pour avoir formé un cartel avec d’autres groupes du secteur. Cette entente, visant à maximiser leurs profits, avait été dénoncée par le groupe japonais concurrent Takata, qui participait pourtant à l’entente mais qui espérait échapper à l’amende, au demeurant bien minime par rapport aux surprofits générés par cet accord. Malgré ces péripéties, les actionnaires du groupe se sont versé jusqu’ici 163 millions de dollars de dividendes, en légère hausse par rapport à l’an passé.

Dans son dernier rapport financier trimestriel à destination des investisseurs, la direction mondiale se plaint du rétrécissement du marché de l’automobile. Le PDG déclare regretter la baisse des résultats du groupe en annonçant, sans regret cette fois, des mesures contre l’emploi : 1 600 postes ont déjà été supprimés au niveau mondial et 5 % des effectifs sont dans le collimateur.

À l’annonce de cette nouvelle saignée, la totalité des salariés se sont rassemblés dans l’usine. Un syndicaliste de la CFDT, après avoir détaillé le plan des patrons, a fait reprendre le travail. L’inquiétude domine évidemment dans les ateliers ; personne ne sait où le glaive de la direction va s’abattre. Celle-ci, après le plan de 2015, suite à la délocalisation de l’activité d’assemblage en Tunisie et au transfert de machines en Roumanie, avait promis de nouvelles productions qui n’ont jamais vu le jour. Des ouvriers proches de la retraite espèrent pouvoir bénéficier de mesures d’accompagnement pour quitter enfin l’usine ; d’autres, qui sont loin de cette perspective, comptent sur des indemnités importantes. Le sentiment domine depuis des années que cette usine, isolée dans la campagne, va fermer. Personne ne peut se sentir protégé. Les plans des patrons ne sont que des improvisations successives, tant ils naviguent à vue au gré des vicissitudes chaotiques de leur économie.

La seule garantie pour les travailleurs contre les licenciements, pour exiger de véritables compensations financières pour ceux d’entre eux qui perdront leur emploi, pour obtenir des mesures d’accompagnement à la retraite conséquentes, sera leur mobilisation collective.

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