Aide médicale : une mise en cause inadmissible

06 Novembre 2019

Dans sa campagne de démagogie politicienne contre les immigrés, le gouvernement ose tout : il remet aujourd’hui en cause les aides médicales aux étrangers, au prétexte qu’elles seraient un facteur de… tourisme médical !

L’Aide médicale d’État (AME) permet aux étrangers en situation irrégulière, aux sans-papiers, de se faire soigner. Mais ils doivent patienter trois mois après leur arrivée pour y avoir droit, et à condition de disposer de revenus mensuels inférieurs à 740 euros pour une personne seule et 1 080 euros pour un couple. Ce n’est pas vraiment l’eldorado.

Selon les chiffres officiels, l’AME concerne moins de 300 000 personnes, un chiffre à peu près stable sur les dernières années. Elle a coûté 940 millions d’euros en 2018, soit… 0,5 % du montant total des dépenses d’Assurance maladie ! Même en ces temps d’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, ce ne sont pas les économies qui président à la remise en cause de l’AME.

Sur le plan sanitaire, tout le milieu médical s’accorde pour dire qu’il faut maintenir l’AME. Sans elle, les maladies contractées par les migrants, suite aux conditions effroyables dans lesquelles ils sont ici contraints de vivre, peuvent devenir beaucoup plus graves, voire s’étendre quand elles sont contagieuses. La ministre de la Santé a même fait part de son regret que « seulement 12 % d es personnes qui y ont droit demandent l’AME la première année » ; et de s’émouvoir… du coût du traitement des maladies qui sont prises en charge trop tardivement.

Ni financier ni médical, le véritable argument de remise en cause de l’AME est lâché : « la lutte contre la fraude et les abus ». C’est avec le même argument que le Premier ministre décide de s’attaquer à l’accès à la Sécurité sociale des demandeurs d’asile. Ceux-ci bénéficient aujourd’hui, quand ils ont enfin pu déposer leur demande, de la Protection universelle maladie (PUMa). C’en est trop pour le gouvernement, qui veut instaurer un délai de carence de trois mois avant qu’ils puissent accéder à la Sécurité sociale.

Et d’instiller l’idée d’un « tourisme médical », d’étrangers venant « se faire soigner gratuitement ». Aux dires même des très officiels rapports de l’IGAS, l’Inspection générale des affaires sociales, il n’y a pas d’éléments confortant de telles assertions. Mais le poison est versé, et fleurissent sur les réseaux sociaux les fantasmes selon lesquels des sans-papiers et autres demandeurs d’asile se feraient poser des prothèses mammaires ou blanchir les dents au frais de la Sécurité sociale.

Sophie GARGAN