Lubrizol – Rouen : après l’incendie, toujours l’opacité30/10/20192019Journal/medias/journalarticle/images/2019/10/P6_20191029-lubrizol_OK_OCELOT.jpg.420x236_q85_box-0%2C3196%2C7229%2C7262_crop_detail.jpg

Leur société

Lubrizol – Rouen : après l’incendie, toujours l’opacité

Samedi 26 octobre, Édouard Philippe annonçait fièrement que l’entreprise Lubrizol, responsable de la pollution liée à l’incendie de son usine de Rouen le 26 septembre, « s’est engagée sur le fait que toute personne ayant subi un dommage sera indemnisée ». En fait, rien n’est moins sûr et il n’y a aucune raison de faire confiance à ces gouvernants et patrons dont le mensonge aux populations est le cœur de métier !

Illustration - après l’incendie, toujours l’opacité

Vendredi 25 octobre, le PDG de l’entreprise a bien signé une convention d’indemnisation avec le Fonds de mutualisation des risques sanitaires et environnementaux (FMSE) et l’État. Mais rien n’a transpiré quant aux montants décidés et aux personnes indemnisées. Certains journalistes ont parlé de 50 millions, ce que le PDG, Éric Schnur, s’est empressé de démentir. D’autres évoquent 453 éleveurs laitiers, sur les 3 800 touchés par la pollution. D’autres encore semblent penser que les commerçants et les entreprises concernées seraient aussi indemnisés.

Face à ces zones d’ombre aussi grandes que le nuage qui a traversé Rouen, Édouard Philippe affirme la main sur le cœur que l’engagement de Lubrizol à payer est la « plus grande garantie ». Pourtant, même le sénateur présidant la commission chargée d’entendre Lubrizol, Hervé Maurey, ne peut cacher ses doutes quant à la confiance à accorder aux propos du PDG. Celui-ci n’a toujours pas fourni les analyses demandées sur la toxicité de la pollution. Il se contente d’affirmer sans ciller que l’incendie « n’était pas plus toxique que l’incendie d’une maison ». Mais, quand même, il préfère aussi se dédouaner en expliquant, sans preuve, que celui-ci ne vient pas de l’intérieur de l’usine.

L’État, quant à lui, a préféré trouver un accord avec Lubrizol, dont finalement les habitants de Rouen ne connaissent pas les détails, plutôt que mettre en application la loi de 2008 sur la responsabilité environnementale des entreprises, dite des pollueurs-payeurs. De là à penser que cette procédure aurait coûté beaucoup plus cher à Lubrizol, il n’y a qu’un pas facile à franchir, quand on voit comment le gouvernement à tout fait pour minimiser cet accident.

Un mois après l’incendie, les habitants ne savent toujours pas à quoi ils ont été exposés, ni quels sont pour eux les risques présents et futurs. Quant au déménagement des fûts endommagés, les propos du directeur général de Lubrizol, excluant toute menace sur la santé, n’ont rien de rassurant. Et la signature de cette convention ne signifie pas du tout que Lubrizol va payer. L’ensemble des analyses faites par l’Anses, l’agence de sécurité sanitaire, le travail de dépollution des sols et habitations semblent rester à la charge de l’État. Les salariés de Lubrizol et Normandie Logistique n’ont aucune garantie sur leur emploi et leur salaire.

Tout cela correspond bien au fonctionnement général de la société. Les capitalistes peuvent d’autant plus saccager la vie des gens qu’ils sont puissants. Depuis 2011, le propriétaire de Lubrizol est le milliardaire Warren Buffet. Et, comme le chiffre d’affaires de cette entreprise est de six milliards d’euros par an, il est prêt à tout pour continuer à faire marcher cette pompe à fric. Le seul rôle de l’État consiste à lui faciliter la tâche.

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