EPR de Flamanville : 12 milliards engloutis, pas pour tout le monde30/10/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/10/2674.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

EPR de Flamanville : 12 milliards engloutis, pas pour tout le monde

Les malfaçons multiples, les retards successifs et le surcoût délirant de l’EPR de Flamanville ont transformé ce qui devait être la vitrine de la filière nucléaire française en repoussoir. Agacé que le fleuron tricolore se soit transformé en ratage industriel à 12 milliards d’euros, le ministre de l’Économie a demandé un audit à l’ancien PDG de PSA, Jean-Martin Folz, qui vient de rendre sa copie.

Son rapport illustre à grande échelle ce que constatent, en le subissant, bien des travailleurs dans de nombreuses entreprises. Les directeurs et les grands chefs se sont succédé sans qu’aucun ne soit entièrement responsable du chantier. Une multitude d’entreprises sous-traitantes sont intervenues, chacune cherchant à réduire les coûts en économisant sur le matériel et en exploitant des travailleurs précaires, intérimaires ou détachés venus de divers pays. Cela s’est traduit par « des efforts coûteux de coordination entraînant des incohérences ». Quel euphémisme !

Folz dénonce encore « une perte de compétences généralisée » après l’achèvement de la dernière centrale nucléaire construite en France, en 1991. Autrement dit, chez EDF et chez Areva, les deux sociétés qui construisent l’EPR, ou chez leurs fournisseurs spécialisés, les départs à la retraite non remplacés et les suppressions d’emplois se sont traduits par « un défaut d’entretien des expertises et des savoir-faire » dans tous les corps de métiers. Cette politique a entraîné des erreurs dans la composition de l’acier, des faiblesses dans le béton, des soudures défaillantes et de multiples autres malfaçons. Pour les travailleurs, elle s’est traduite par des accidents mortels, des conditions de travail dégradées, sans parler du dégoût de réaliser un travail bâclé.

En attendant, les 12 milliards ont été dépensés et ils sont certainement loin de l’avoir été entièrement en salaires ouvriers, au moment où les entreprises réduisent au minimum les investissements productifs, quitte à obtenir leurs profits en réduisant coûte que coûte la masse salariale. On en voit les conséquences ailleurs avec le vieillissement, et parfois l’effondrement, d’infrastructures aussi vitales que des ponts, des voies ferrées ou des lignes à haute tension. Elles n’épargnent pas un secteur aussi dangereux que le nucléaire, rendant problématique la construction d’une nouvelle centrale.

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