Dans le monde

Argentine : Macri s’en va, le chaos financier reste

Dimanche 27 octobre, 80 % des 33 millions d’électeurs argentins se sont rendus aux urnes pour élire le président, deux gouverneurs, 130 députés, 24 sénateurs, les élus régionaux, maires et conseillers municipaux. Le candidat péroniste, Alberto Fernandez, a été élu dès le premier tour avec 48 % des voix, contre 40 % à son adversaire, le président sortant, Mauricio Macri.

Macri, qui a gouverné avec la complicité de gouverneurs péronistes et de la bureaucratie syndicale, paye le fait d’avoir replongé les classes populaires dans une crise brutale. On dénombre à nouveau 16 millions de pauvres, soit plus de 35 % de la population ; un chômage à deux chiffres, qui frappe durement les femmes et les jeunes, ramenant le pays quinze ans en arrière. Comme après le krach de 2001, les produits de consommation courante, à commencer par la nourriture, sont redevenus inaccessibles aux plus démunis, cela dans un pays grand producteur de viande et de blé !

Macri avait inauguré son règne par une explosion des tarifs publics, jusqu’à 1 000 % d’augmentation. Il a payé la dette de l’Argentine aux fonds vautours, ces fonds spéculatifs qui prospèrent sur le dos des États en difficulté, lui permettant de renouer avec le FMI. Cela s’est traduit par le retour des plans d’austérité pour la population, de l’inflation et des capitaux spéculatifs, ceux-là mêmes qui avaient conduit au krach de 2001.

Rien que dans les deux derniers mois, la Banque centrale a perdu 22,8 milliards de dollars du fait de la chute du peso face au dollar. Ces masses d’argent ont profité aux spéculateurs internationaux, aux grandes entreprises exportatrices argentines de l’agroalimentaire, aux enseignes de supermarchés et, bien sûr, aux banques.

La première préoccupation du futur président, qui prendra ses fonctions en décembre, a été de rassurer la grande bourgeoisie, avec succès puisque la Fed nord-américaine a déjà fait savoir que Fernandez valait Macri pour ce qui est d’honorer les traites de la dette. En quatre ans, Macri a remboursé 200 milliards de dollars, et Fernandez va continuer. Pas plus que Macri, Fernandez n’entend s’en prendre aux gagnants de la spéculation financière qui ruine la population, aux banques et aux grandes entreprises. Lui aussi va essayer de faire payer la note du marasme aux travailleurs et aux classes populaires. Il a promis au patronat que les organisations populaires et les chômeurs n’occuperont pas la rue comme dans le passé.

De même, il est peu probable que la revendication d’un avortement légal, sûr et gratuit, portée par des millions de femmes depuis deux ans, sera satisfaite.

Les travailleurs, les femmes n’ont rien à attendre du nouveau président et, pour imposer leurs exigences, ils ne peuvent compter que sur leurs mobilisations.

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