Station d’épuration – Achères : un feu étouffé ?23/10/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/10/2673.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Station d’épuration – Achères : un feu étouffé ?

La catastrophe de Lubrizol a fait sortir de l’ombre un autre incendie, celui de la station d’épuration d’Achères dans les Yvelines, site également classé Seveso seuil haut, événement récent mais beaucoup moins médiatisé, pour ne pas dire renvoyé à l’oubli.

Gérée par un établissement public, le Siaap (syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne), cette usine est la première station d’Europe, pour le volume d’eau traité, et occupe des terrains situés sur plusieurs communes.

Le 3 juillet 2019, le feu a détruit une unité de cet établissement où se faisait l’élimination des particules en suspension dans les eaux usées, en particulier des phosphates, en utilisant du chlorure ferrique, une substance toxique et très corrosive. Les pompiers ont mis quatre jours pour venir à bout du sinistre. Le bâtiment a été entièrement détruit, la Seine a été polluée par les eaux usées et fin juillet on a comptabilisé dix tonnes de poissons morts. Très vite la Direction régionale de l’environnement a annoncé que les risques sanitaires portaient essentiellement sur le milieu aquatique et qu’il n’y avait « aucun risque particulier pour la population. »

En réalité tout est opaque, à la fois les causes et les conséquences d’un événement qui, au fil de témoignages et de déclarations recensés par un journaliste du Monde diplomatique, apparaît de moins en moins comme un accident imprévisible.

L’association Robin des bois a révélé qu’il s’agissait du onzième accident depuis avril 2017. Le préfet a mis le Siaap en demeure à quatre reprises en 2018 pour non-conformité à la législation, en particulier pour manque de contrôle des tuyauteries et soudures. Le syndicat FO de l’usine avait déposé des alertes pour des fuites de gaz ou des départs d’incendie peu avant la catastrophe. Le Siaap fait certes traiter une grande partie des eaux dans d’autres sites mais pas la totalité et la reconstruction d’une unité demandera trois à cinq ans.

Juste après l’incendie, le Siaap et les autorités ont affirmé aux élus locaux et aux habitants inquiets que tout était rentré dans l’ordre. Il a fallu un autre accident industriel pour que celui d’Achères sorte de l’oubli tant la lenteur, le manque de transparence, voire le silence sont souvent les seules réponses des gestionnaires aux interrogations de la population.

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