Groupe hospitalier Mulhouse : pénurie catastrophique23/10/20192019Journal/medias/journalarticle/images/2019/10/P11_H_casse_en_danger_C_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C173%2C450%2C427_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Groupe hospitalier Mulhouse : pénurie catastrophique

Comme dans de nombreux hôpitaux, le personnel des Urgences de Mulhouse est en grève depuis des mois pour obtenir des agents supplémentaires. Et, depuis cet été, le service est confronté à une hémorragie massive de médecins urgentistes.

Illustration - pénurie catastrophique

Ces derniers, habituellement 34, étaient 24 au mois de juin, et puis durant l’été plus des deux tiers ont démissionné, épuisés par les conditions de travail. Depuis, seuls sept titulaires sont en poste.

La situation est telle que la direction n’exclut pas de fermer temporairement les Urgences, ce qui serait une catastrophe sanitaire pour la population, 270 000 habitants pour l’agglomération de Mulhouse, 450 000 pour tout le sud du département, qui dépend aussi de cet hôpital. Avec en moyenne 55 000 passages aux Urgences par an, c’est l’un des plus importants centres hospitaliers non universitaires de France,

Pour couronner le tout, l’ensemble des 17 internes du service se sont mis en arrêt maladie début octobre pour burn-out. Normalement, les décisions graves devraient être prises par un médecin expérimenté. Ce n’est plus possible parce qu’il n’y en a plus assez, et les internes, qui sont des jeunes encore en formation en médecine, se retrouvent dans des situations impossibles, d’où leur arrêt maladie collectif. Du coup, leur syndicat demande qu’aucun interne ne soit affecté aux Urgences de Mulhouse au prochain semestre. Mais, sans eux, le service est mort.

Un nouveau chef des Urgences vient d’être recruté mais, tout seul, il ne pourra pas faire grand-chose : il faut aussi du personnel soignant et des médecins. Or, dans ce domaine, c’est du rafistolage. Des hospitaliers viennent aider depuis Colmar ou Strasbourg, et la direction demande l’aide d’autres services de l’hôpital et fait appel à des médecins généralistes, parfois à la retraite, et à des intérimaires. Mais, étant donné la pénurie qui règne partout, c’est déshabiller Pierre pour habiller Paul, et le personnel venu en renfort ne pourra tenir le coup longtemps. D’autre part, nombre des médecins qui viennent aider ne connaissent pas les Urgences, ce qui donne plus de travail aux infirmières.

Parmi ces « coups de main », certains sont plus intéressés que d’autres… Ainsi, Jean Rottner, qui fut chef des Urgences avant de devenir maire de Mulhouse, UMP puis LR, puis président de la région Grand-Est, a annoncé qu’il reviendrait en vacation pendant plusieurs semaines. À six mois des élections municipales, c’est un petit coup de communication pour celui qui est à la fois premier adjoint à la mairie et président du conseil de surveillance de l’hôpital et, à ce titre, coresponsable de sa situation catastrophique.

Partout dans l’hôpital, de manière à peine moins aiguë qu’aux Urgences, c’est le même cercle vicieux : la pénurie de soignants et de médecins les pousse tous aux limites de leurs forces ; les démissions s’enchaînent en cascade. Au point que, dans les discussions, certains commencent à dire que cet effondrement est fabriqué. C’est en fait l’ensemble du système hospitalier qui est menacé d’effondrement.

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