Antilles : Commission chlordécone, silences et oublis complaisants16/10/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/10/2672.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Antilles : Commission chlordécone, silences et oublis complaisants

Au cours d’une manifestation, mardi 24 septembre, des participants ont exprimé leurs doutes sur l’action de Letchimy, président de la commission d’enquête sur le chlordécone. Des ouvriers agricoles ont pris la parole pour critiquer l’attitude de ce député, qui n’a même pas pris la peine d’auditionner leurs représentants.

Ils ont constaté que cette commission d’enquête parlementaire sur l’utilisation du chlordécone et du paraquat en Guadeloupe et en Martinique s’était montrée très compréhensive à l’égard des patrons locaux et des élus auditionnés. Cela a été le cas pour Guy Lordinot. Député de Martinique entre 1990 et 1993, il avait demandé et obtenu des dérogations pour poursuivre l’épandage de Curlone (pesticide à base de chlordécone) dans l’île au début des années 1990. Il a déclaré qu’il ne s’était pas « intéressé » au chlordécone et qu’il n’avait fait que « relayer » la demande des « petits planteurs », se gardant de mettre en cause les gros patrons békés, planteurs ou fabricants.

De même, le dénommé Henri Ernoult, ex-directeur de la société De Laguarigue, s’est montré évasif sur les conditions dans lesquelles étaient effectuées la fabrication puis la commercialisation du Curlone. Protégeant son patron, le défunt Yves Hayot, frère aîné de Bernard Hayot, gros possédant du secteur de la banane, Ernoult a dit que « personne, lui le premier, ne mesurait la dangerosité du produit ». Ironie ou cynisme ?

En Martinique, Letchimy et la commission d’enquête ont également reçu des associations qui ont dénoncé à plus d’une reprise les conditions d’utilisation des pesticides ou la responsabilité de l’État, telles PUMA, l’Assaupamar ou collectif Lyannaj pou dépolyé Matinik, et aussi le collectif Zéro chlordécone. Mais ils n’ont pas daigné entendre les ouvriers agricoles. Ceux-ci ont pourtant été les premières et principales victimes du chlordécone et du paraquat, que le sieur Ernoult qualifie de « grosses bêtises ».

Hypocrisie des uns, mensonges des autres, faire-valoir pour quelques autres, ladite commission d’enquête apparaît plus pour l’instant comme une mascarade visant à dédouaner les capitalistes de la banane responsables de l’empoisonnement des ouvriers agricoles et de la population.

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