Renault-Sovab : un mort au travail09/10/20192019Journal/medias/journalarticle/images/2019/10/p15_sovab_au_printemps_2019_C_LO.jpg.420x236_q85_box-75%2C0%2C725%2C366_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault-Sovab : un mort au travail

Le 7 août dernier, pendant les travaux d’arrêt de l’usine Renault-Sovab de Batilly, située en Meurthe-et-Moselle, un important incendie s’est déclaré dans le bâtiment Peinture. Un ouvrier roumain âgé de 58 ans, très gravement brûlé, est décédé de ses blessures quelques semaines plus tard.

Illustration - un mort au travail

La violence de l’incendie a aussi nécessité des travaux de consolidation des charpentes du bâtiment, et les dégâts ont engendré plus d’un mois de chômage partiel.

Deux mois après, la direction de l’usine n’a pas donné beaucoup d’explications sur les causes réelles de l’accident. Mais elle a tout de suite chargé l’ouvrier décédé qui, selon elle, faisait de la découpe à cinq mètres en dehors de la zone sécurisée. Cet ouvrier travaillait pour une entreprise sous-traitante de troisième rang, c’est-à-dire le sous-traitant du sous-traitant du sous-traitant. Il utilisait pour la découpe un procédé au plasma qui serait, selon la direction, à l’origine du départ de feu.

En fait, tout le bâtiment Peinture est une zone dangereuse du fait des produits chimiques variés, des solvants et des peintures qui circulent dans un réseau de tuyauteries. La zone des travaux avait-elle été bien nettoyée et purgée de tout produit dans un périmètre suffisant ? L’enquête le dira peut-être, mais pour l’instant cela piétine.

Pendant la première semaine des travaux dans le bâtiment Peinture, des délégués au comité social et économique avaient dénoncé des problèmes basiques d’organisation, comme l’affichage et l’indication des zones des toilettes aux ouvriers sous-traitants qui ne connaissaient pas le bâtiment et ne parlaient pas tous bien français.

Tous les travailleurs ont encore en tête l’autre incendie important dans le secteur de la cataphorèse, toujours dans le département Peinture, il y a peine six mois. Le bâtiment avait été évacué et la production arrêtée pendant plusieurs postes. En comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail, le nettoyage insuffisant avait été évoqué car, lors d’un énième plan de performance, la prestation de nettoyage avait été diminuée ainsi que le nombre de salariés de maintenance.

Mais depuis, les économies tous azimuts, sur le personnel, le matériel, les prestataires, les fournisseurs, continuent de plus belle. Il faut faire toujours plus vite, avec moins de moyens, pour ne pas entraver la production du Master, l’utilitaire de Renault produit à Batilly.

En attendant, un ouvrier de 58 ans a perdu la vie en tentant de la gagner.

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