Leur société

HLM : un logement de moins en moins social

La Fédération qui regroupe l’ensemble des organismes HLM a fêté son 90e anniversaire lors de son congrès du 24 au 26 septembre.

« Avec les collectivités locales, les associations de locataires et le secteur associatif, nous formons une digue, un rempart qui protège onze millions de nos concitoyens », s’est félicité son président, Jean-Louis Dumont, un ex-député PS. Mais la digue en question fuit de toute part. Pas plus aujourd’hui que par le passé, le capitalisme n’est capable de fournir des logements décents à l’ensemble des travailleurs.

Même dans les années 1950 et 1960, où il n’y avait pas de chômage massif, nombre de travailleurs vivaient dans des habitations exigües, insalubres, et ceux qui accédèrent alors au confort le firent souvent dans des logements construits à l’économie qui n’allaient pas tarder à se détériorer. Les économies étaient faites au détriment de la qualité, pas des profits de Bouygues et compagnie : le secteur privé restait maître d’œuvre de la construction de logements, y compris des HLM. C’est dans la poche de ses actionnaires qu’ont atterri les investissements des organismes HLM avec les aides de l’État, ce qu’on appelle les aides à la pierre. La mise en place des APL a permis à ceux qui avaient les revenus les plus modestes de se loger plus facilement, mais le patronat y a aussi trouvé un avantage, en lui évitant d’avoir à augmenter les salaires pour que les travailleurs puissent se loger.

Le logement dit social a donc mis de l’huile dans les rouages du capitalisme, en permettant au passage à des promoteurs et à des entreprises du BTP de réaliser d’importants profits, sans pour autant résoudre la crise du logement. Aujourd’hui, les rouages sont grippés. Fin 2018, 2,1 millions de ménages étaient en attente d’un HLM, dont 700 000 demandant à en changer. D’une part, le pouvoir d’achat des travailleurs, des chômeurs, des retraités ne permet plus de payer les loyers, y compris dans des logements sociaux. D’autre part, l’État a supprimé les aides à la pierre et demande aux HLM de payer une partie des APL à sa place. De différentes façons, il ponctionne les ressources des organismes d’HLM, les incitant à réduire leur personnel et leur parc de logements, à emprunter auprès du système financier avec des remboursements qui se répercutent sur les loyers, à ouvrir leur capital à la finance. Les maires et les municipalités qui ont encore, dans les villes, un certain contrôle sur les organismes d’HLM voient leur marge de manœuvre se réduire.

Ce que l’aggravation de la crise du logement met à l’ordre du jour, c’est d’une part la lutte pour l’augmentation générale des salaires, des allocations et des retraites, d’autre part l’expropriation des capitalistes du bâtiment et de l’immobilier.

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