“Grand débat” sur les retraites : monologue présidentiel09/10/20192019Journal/medias/journalarticle/images/2019/10/P3_debat_retraites_Lupo_.jpg.420x236_q85_box-0%2C149%2C536%2C451_crop_detail.jpg

Leur société

“Grand débat” sur les retraites : monologue présidentiel

Reprenant une méthode déjà utilisée pour faire mine de prendre en compte le mécontentement exprimé par le mouvement des gilets jaunes, Macron a organisé jeudi 3 octobre un grand débat devant plus de 500 personnes, choisies parmi les abonnés de la Dépêche du Midi et réunies à Rodez, dans l’Aveyron.

Illustration - monologue présidentiel

En fait de débat, il s’agissait plutôt d’un jeu de questions-réponses, ne laissant guère la place à une réelle contestation. Pendant plusieurs heures, Macron a tenté d’expliquer sentencieusement pourquoi, selon lui, « il faudra cotiser plus ».

Mais, si le nombre de retraités a effectivement augmenté ces dernières années par rapport au nombre d’actifs, le gouvernement actuel, tout autant que ceux qui l’ont précédé, oublie de mentionner que la productivité du travail a, elle aussi, fortement augmenté, et dans des proportions bien supérieures. Où sont passés ces gains de productivité ? Ils ont alimenté les profits des grandes entreprises et contribué à porter à des niveaux record les dividendes versés aux actionnaires !

Quant au déficit de caisses de retraite, ce n’est certainement pas aux travailleurs de le payer, car ils n’en sont en rien responsables. Ce sont les patrons qui l’ont creusé, en licenciant massivement depuis des décennies et en imposant des bas salaires, contribuant à diminuer les ressources de ces caisses. Et les gouvernements eux-mêmes, en faisant bénéficier le patronat d’exonérations de cotisations de plus en plus nombreuses, ont eux aussi creusé ce déficit qui sert de justification à ses attaques.

Lors de son intervention à Rodez, Macron a promis qu’il n’y aurait pas de retraites en dessous de 1 000 euros en 2025 pour les travailleurs qui auraient cotisé toute leur carrière. Ce qui est une façon de dire à ceux qui perçoivent les pensions les plus faibles qu’ils doivent patienter et continuer de survivre avec le minimum vieillesse, fixé aujourd’hui à 868 euros.

Ce n’est pas avec de telles promesses que Macron parviendra à faire oublier que la réforme projetée entraînera inévitablement une forte baisse des pensions, car celles-ci ne seraient plus calculées sur les 25 meilleures années pour les travailleurs du privé ou sur les six derniers mois pour les fonctionnaires, mais sur l’ensemble de la carrière. En plus, ce calcul reposerait sur un système de points dont la valeur pourrait varier. Que celle-ci soit fixée directement par le gouvernement ou par une autorité prétendument indépendante, cela ne change rien à l’objectif d’adapter le niveau des pensions au « contexte économique » !

Macron a beau faire, il ne parviendra probablement pas à endormir les travailleurs… mais plus sûrement les participants à ces réunions interminables.

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