États-Unis - Europe : leur guerre commerciale n’est pas la nôtre09/10/20192019Journal/medias/journalarticle/images/2019/10/P16_Protectionnism_chauvinisme_expulsions_OK_LUpo.jpg.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis - Europe : leur guerre commerciale n’est pas la nôtre

À la suite de plaintes américaines dénonçant les subventions accordées à Airbus par quatre pays européens, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) vient d’autoriser les États-Unis à taxer des produits européens en guise de rétorsion. Trump a saisi l’occasion pour annoncer le passage des droits de douane à 25 % sur une liste de produits, dont le vin français, le whisky écossais, les olives espagnoles ou les machines allemandes.

Illustration - leur guerre commerciale n’est pas la nôtre

Cette annonce est une nouvelle escarmouche dans la guerre commerciale déclenchée en 2018 par les États-Unis contre l’Union européenne. Depuis le début, cette guerre est un mélange de catch, où les coups sont spectaculaires mais fictifs, et de boxe, où le combat est réel et les coups font mal.

Tous les États, et d’abord les plus riches, subventionnent leurs champions nationaux par de multiples moyens. Défendre les intérêts de leurs capitalistes, par des taxes, des lois, des commandes publiques ou par la guerre quand les autres moyens sont épuisés, c’est le rôle principal des États. L’Union européenne (UE) a elle-même déposé une plainte à l’OMC contre les États-Unis, accusés d’avoir subventionné Boeing. En annonçant des taxes pour un montant de 7,5 milliards de dollars, sans les mettre en œuvre immédiatement, Trump veut obliger les États européens à renégocier, pour revoir les quotas d’importation et réduire le déficit commercial des États-Unis avec l’UE. En 2018, l’Europe avait exporté pour 406 milliards d’euros de marchandises aux États-Unis, tandis que ces derniers exportaient pour 267 milliards en Europe. Trump voudrait réduire le nombre de voitures allemandes vendues aux États-Unis et augmenter la quantité de pétrole de schiste ou de bœuf américain vendue de ce côté-ci de l’Atlantique.

Mais, l’économie capitaliste étant mondialisée depuis belle lurette, les marchés sont imbriqués. Ainsi, les entreprises américaines emploient 3,8 millions de salariés dans l’UE et réalisent un chiffre d’affaires de 1 700 milliards d’euros par an, quand les entreprises européennes emploient 3 millions de salariés aux États-Unis pour un chiffre d’affaires de 1 500 milliards. Pour ces capitalistes-là, les taxes douanières sont des entraves. Trump s’est d’ailleurs bien gardé de taxer trop fortement l’aéronautique, limitant les taxes dans ce secteur à 10 %. Il subit la pression des compagnies américaines, qui achètent plus d’une centaine d’Airbus par an.

Quant aux pièces détachées qui permettent de construire les Boeing comme les Airbus, elles proviennent des deux côtés de l’Atlantique. Ce sont des limites sérieuses au protectionnisme.

Si les capitalistes, selon leur secteur économique ou la conjoncture du moment, sont plus ou moins favorables au protectionnisme, les travailleurs, eux, ont tout à perdre à leur emboîter le pas.

Aux États-Unis, la guerre commerciale avec la Chine a déjà provoqué des hausses de prix, de l’électroménager aux vêtements ou aux chaussures. Si elle devait s’intensifier, cette guerre entre capitalistes se traduirait par des milliers d’emplois supprimés dans tous les pays. Il faut refuser de mourir pour les capitalistes !

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