Continental AG : 20 000 suppressions d’emplois02/10/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/10/2670.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Continental AG : 20 000 suppressions d’emplois

Le 25 septembre, Elmer Degenhart, président du directoire de Continental AG, 243 000 salariés, annonçait, au siège de la compagnie à Hanovre, 20 000 suppressions d’emplois déjà arrêtées dans le monde afin, disait-il, « d’améliorer et de développer la rentabilité et la profitabilité de Continental ».

Ce n’est sans doute pas un hasard si cette première charrette concerne surtout les usines allemandes du groupe, avec 7 000 suppressions sur 61 000 emplois, soit près de 13 % des effectifs. C’est à Francfort que sont cotées les actions de Continental, et il s’agit d’abord et avant tout de faire monter la valeur de l’action en donnant un « message positif » aux actionnaires présents et à venir.

Continental ne peut absolument pas se prévaloir de quelconques difficultés économiques pour fermer à court terme sept usines dans le monde, dans tous les secteurs d’activité, y compris dans la branche pneumatique, la plus profitable du groupe. Trois milliards de bénéfices sont annoncés chaque année, sans compter les réserves insondables d’un groupe qui, en passant, annonce qu’il a 5 milliards sous le coude dont il ne sait pas quoi faire pour le moment.

De plus, le président du directoire prévient qu’il ne s’agit que d’un début et que « plusieurs autres projets sont en préparation et seront annoncés au fur et à mesure ». Il y a par exemple sur la sellette la moitié des 3 000 travailleurs de Continental dans la région de Toulouse : depuis la division en deux des usines du secteur, ils se trouvent privés de travail, afin sans doute de les mettre en condition pour les mauvais coups qu’on leur prépare. Toutes les usines sont menacées car Degenhart précise : « Nous pourrons procéder à l’externalisation de certaines de nos activités… et au transfert des fabrications dans d’autres usines Continental pour répondre au besoin d’augmenter notre compétitivité. » Et il ajoute : « Comme en 2009, nous sortirons de cette crise plus forts qu’avant. »

En 2009, sans plus de difficultés qu’aujourd’hui, la méthode du groupe avait été d’annoncer la fermeture de trois usines de fabrications en France, Clairoix, Asnières et Rambouillet, 2 000 licenciements secs, plus la fermeture de Stöcken en Allemagne, 800 ouvriers jetés à la rue. Après ces licenciements, le cours de l’action a été multiplié par 25 en quelques années et la famille Schaeffler a non seulement pu éponger sa dette de 12 milliards contractée pour l’achat de Continental, mais elle est devenue la première fortune d’Allemagne. Continental a été classé par la presse allemande comme l’entreprise industrielle la plus rentable d’Allemagne, « à l’égal des industries du luxe ».

Le groupe Continental veut se recentrer sur les secteurs capables de lui assurer une rentabilité égale ou supérieure à 15 %, comme le pneumatique. Dans les usines, comme à Sarreguemines, les investissements les plus vitaux sont supprimés, il faut suer du profit au moindre coût. Les dirigeants veulent aussi mettre les travailleurs en compétition les uns avec les autres, en classant les usines et en promettant la fermeture aux usines les moins bien classées.

Les salariés de Continental ont déjà montré qu’ils pouvaient se battre. L’avenir est là. Dans la conscience que tous les travailleurs, quel que soit leur pays, leur usine et même leur patron, ont un combat commun à mener, et qu’ils ont la force d’inverser le cours des choses.

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