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Hôpitaux psychiatriques : de pire en pire

Alors que les mouvements se sont multipliés dans les hôpitaux psychiatriques, deux députées appartenant respectivement à La République en marche et à La France insoumise témoignent dans un rapport d’une situation au bord de l’implosion dans le secteur.

Entre 1990 et 2016, le nombre de lits d’hospitalisation en psychiatrie a diminué de moitié. Les gouvernements successifs ont justifié cette saignée par le « virage ambulatoire », c’est-à-dire la nécessité que les malades soient pris en charge à l’extérieur, dans des structures de proximité leur permettant de rentrer chez eux. Mais, si les lits ont bien été fermés dans les hôpitaux, la création de postes dans ces structures, comme les Centres médico-psychologiques (CMP), n’a pas suivi et aujourd’hui la situation y est catastrophique. Alors que le nombre de patients suivis en ambulatoire est aujourd’hui cinq fois plus élevé que ceux hospitalisés, il est de plus en plus difficile d’y obtenir une consultation. Le délai d’attente dans les CMP destinés aux enfants atteint en moyenne un an, pointe le rapport. Et, comme en médecine générale, rencontrer un psychiatre relève d’un parcours du combattant. Le délai est évalué à trois mois en moyenne. Cela fait dire aux députées : « Face à l’impossibilité d’avoir un rendez-vous au CMP ou chez un psychiatre libéral au début de la crise, les patients se retrouvent inévitablement aux Urgences, puis hospitalisés, alors que la crise, si elle avait été traitée en amont, aurait pu être évitée .» Cette situation n’incite pas pour autant le ministère à créer des CMP. Le personnel de plusieurs établissements a même expliqué aux députées comment il avait vu des dispositifs d’hospitalisation à domicile fermés suite aux pressions de l’Agence régionale de santé.

Les Urgences psychiatriques se retrouvent donc complètement saturées, et bien incapables de répondre à des cas nécessitant une hospitalisation. Cela peut être dramatique. « Faute de lits, on a renvoyé une dame. Elle s’est jetée le soir même dans la Garonne », témoigne une soignante. Et quand le malade peut être hospitalisé, c’est dans des conditions désastreuses. « À quatre dans une chambre, comment stabiliser une patiente ? », demande une autre.

Le personnel des hôpitaux psychiatriques vit cette situation tous les jours, et c’est parce qu’il ne l’accepte plus qu’il entre en lutte.

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