Leur société

Servier : autopsie d’un scandale sanitaire

Le procès contre les laboratoires Servier et l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), jugés pour le scandale du médicament le Mediator, se tiendra finalement, après six ans de procédure, devant le tribunal correctionnel de Paris à partir du 23 septembre.

Le Mediator, vendu pendant plus de trente ans et utilisé par près de cinq millions de personnes, était un médicament de la classe des amphétamines. Mais Servier le vendait comme un antidiabétique, cachant ses effets secondaires, notamment ceux sur le cœur. Servier avait même réussi à éviter le retrait du Mediator quand, en 1997, tous les médicaments de la classe des amphétamines avaient été retirés du marché. Il a fallu le combat acharné d’une pneumologue, le docteur Frachon qui révéla le scandale, pour qu’il soit interdit en 2009. Mais pendant douze ans, Servier avait continué à vendre un médicament responsable de la mort de 1 500 à 2 100 personnes rien qu’en France.

Depuis 2009 et le dépôt des premières plaintes, Servier, avec son armée d’avocats, a tout fait pour nier sa responsabilité. Il a aussi tout fait pour ne pas indemniser les malades ou les indemniser le moins possible. Devant une telle attitude, c’est finalement l’État, via l’Oniam (Office national d’indemnisation des accidents médicaux), qui a indemnisé les malades avant de demander à Servier le remboursement de ces sommes. Finalement, à la date du 29 mars 2019, Servier reconnaissait avoir versé à 3 593 patients la somme de 141,2 millions d’euros. Mais ces indemnisations ont été accordées à ceux qui s’engageaient à ne pas poursuivre le laboratoire devant les tribunaux.

En mars 2019, prenant prétexte d’un jugement qui estime que l’État est partiellement responsable de ce scandale sanitaire, Servier a saisi la justice pour obtenir le remboursement par l’État de 30 % des indemnités versées aux victimes du Mediator.

Pour payer le moins possible, alors que sa responsabilité est avancée, Servier aura vraiment tout essayé !

Partager