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États-Unis : bras de fer entre General Motors et le syndicat UAW

L’UAW, le syndicat des travailleurs de l’automobile, a lancé dimanche 15 septembre un appel à la grève à l’ensemble des 46 000 salariés de General Motors, des 33 usines réparties dans neuf Etats et de 22 magasins de pièces détachées.

Le contrat passé entre la direction et le syndicat il y a quatre ans expirait le 14 septembre et les négociations entamées depuis juillet étaient dans une impasse. Les contrats passés avec Ford et Fiat-Chrysler, eux, ont été prolongés en attendant un règlement avec GM qui servira de modèle dans la négociation avec les autres constructeurs.

Le syndicat tient sans doute à montrer ses muscles au moment où les perquisitions du FBI dont il a été l’objet à la fin août, y compris au domicile de son président et de son ancien président, pouvaient viser à l’affaiblir, quelques jours avant l’expiration des contrats. Cela fait douze ans qu’il n’avait pas lancé un tel appel général à la grève sur l’ensemble d’une compagnie ; en 2007, la grève avait duré deux jours.

Mais depuis la crise de 2008, GM a imposé des sacrifices aux travailleurs, contrat après contrat, avec la complicité du syndicat. Lors du dernier contrat, GM a engrangé près de 30 milliards de dollars de bénéfices. GM a néanmoins annoncé en novembre dernier qu’il se préparait à se débarrasser de quatre usines dans l’Ohio, le Michigan et le Maryland et il veut encore augmenter la productivité et la flexibilité des travailleurs et leur imposer de contribuer davantage à leur assurance maladie.

Le syndicat demande des augmentations de salaires, des embauches, le maintien en activité de toutes les usines, l’embauche des intérimaires, la suppression de l’écart de salaire entre les anciens embauchés, et les embauchés depuis 2007 dont le salaire est réduit de près de moitié !

La direction de GM s’est vantée de son offre et elle l’a détaillée publiquement pour circonvenir les dirigeants syndicaux, qui n’informent jamais les travailleurs des négociations avant leur conclusion, et pour tenter de faire pression sur les grévistes. Elle promet 7 milliards de dollars d’investissement, 5 400 embauches, un meilleur salaire, de meilleurs avantages sociaux, un meilleur partage des bénéfices, des solutions pour les usines menacées de fermeture et 8 000 dollars de prime à la signature de l’accord. À part les 8 000 dollars de prime, tout est très vague et la direction ne s’engage ni sur la résorption de l’intérim, ni sur le comblement du fossé entre les salaires des nouveaux et des anciens.

La direction de l’UAW a tapé du poing sur la table pour bien montrer qu’il faut compter avec elle. Jusqu’où est-elle prête à aller ? Depuis lundi des négociations ont repris. Quels que soient les calculs des dirigeants du syndicat, maintenant que l’épreuve de force est engagée, ce sont les travailleurs de GM avec leur détermination qui peuvent la mener au bout avec succès, avec la sympathie, voire l’aide des travailleurs de Ford et de Chrysler Fiat, directement intéressés eux aussi à l’issue du conflit.

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