Arabie saoudite : vers une extension de la guerre ?18/09/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/09/2668.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Arabie saoudite : vers une extension de la guerre ?

Le 14 septembre, des drones ou des missiles ont endommagé deux installations pétrolières saoudiennes de l’entreprise Aramco, à Abqaïq et à Khurais, ce qui a provoqué la diminution de moitié de la production de pétrole du pays. L’attaque a été revendiquée par les Houthis, des milices chiites qui luttent au Yémen contre le pouvoir en place soutenu, lui, par l’Arabie saoudite.

Cette attaque a aussitôt entraîné un regain de tensions tant sur le plan économique que politique avec les accusations portées contre l’Iran par le secrétaire américain Mike Pompeo. Aussitôt, en effet, ce dernier a accusé l’Iran d’avoir « lancé une attaque sans précédent contre l’approvisionnement énergétique mondial ».

« Nous aiderons nos alliés », a tweeté Trump de son côté. Le régime saoudien est en effet un des plus solides alliés de l’impérialisme américain. Fort de ce soutien, l’Arabie saoudite est intervenue militairement au Yémen en 2015. Cette guerre sans issue est déjà la « pire crise humanitaire au monde ». Selon l’ONU, les bombardements saoudiens ont fait des dizaines de milliers de morts.

Le gouvernement américain, ainsi que tous les gouvernements occidentaux et leurs médias, accusent depuis longtemps l’Iran d’être derrière la rébellion houthiste au Yémen. L’Iran voit certes d’un très bon œil l’enlisement dans le conflit de l’Arabie saoudite, puissance régionale dont elle est la rivale. Mais ces accusations servent surtout de justifications aux dirigeants impérialistes pour continuer leur politique, qui est directement responsable de la montée des tensions dans cette région.

L’impérialisme américain continue à régler ses comptes avec l’Iran, comme il le fait presque sans interruption depuis quarante ans, depuis le renversement du shah, dictateur qui régnait sur le pays avec son soutien. L’Iran ne fut plus dès lors considéré comme une puissance sûre, c’est-à-dire suffisamment prête à obéir au doigt et à l’œil à l’impérialisme. Le régime ne fut que brièvement réintégré dans le jeu diplomatique en 2015 avec la signature de l’accord sur le nucléaire, quand l’impérialisme américain avait besoin de son soutien pour régler les problèmes en Irak et en Syrie. Mais une fois l’État islamique en grande partie vaincu et la guerre en Syrie près de se terminer, l’Iran redevint un pays qu’il fallait soumettre.

Depuis son élection, ­Trump­ a relancé les hostilités en se retirant de l’accord sur le nucléaire, en rétablissant les sanctions, en décrétant l’embargo, en interdisant l’achat de son pétrole, pourtant principale source de revenus. L’objectif de Trump est le même que celui de ses prédécesseurs : montrer que l’impérialisme américain est le seul maître pour que ses multinationales puissent continuer à piller la région, et ce, quelles qu’en soient les conséquences.

Trump finira-t-il pas déclencher la guerre contre l’Iran ? Ou se servira-t-il de l’Arabie saoudite pour cela ? Ou au contraire cherche-t-il à faire une « pression maximale » sur le régime sans aller jusqu’à la guerre, en la relâchant de temps en temps, comme il l’a fait en démettant de ses fonctions John Bolton, le responsable de la sécurité intérieure, partisan de la guerre contre l’Iran ? L’avenir le dira. Mais quels que soient les choix de Trump et de la classe capitaliste qu’il sert, le risque existe d’une généralisation de la guerre qui déjà dévaste le Yémen, après la Syrie et l’Irak, car la menace vient de la domination impérialiste elle-même.

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