Urgences : Buzyn laisse couler l’hôpital11/09/20192019Journal/medias/journalarticle/images/2019/09/P12_Buzin_et_aspirine_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C144%2C554%2C456_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Urgences : Buzyn laisse couler l’hôpital

Plus de la moitié des services d’urgence des hôpitaux restent en mouvement, certains depuis six mois. Après deux séries d’annonces de la ministre, rien n’a avancé dans les revendications du personnel de ces services, ni sur les 10 000 embauches demandées, ni sur les 300 euros net d’augmentation mensuelle de salaire. Seules quelques vagues allusions à des possibilités de réouverture de lits fermés ont été lancées.

Illustration - Buzyn laisse couler l’hôpital

La ministre de la Santé, en revanche, n’a pas été avare de grands mots (qui ne coûtent rien), ni de plans aux chiffres ronflants dont seuls les zéros sont bien réels. 754 millions en quatre ans, promet-elle. Il s’agit de sommes simplement réaffectées, a commenté l’urgentiste Patrick Pelloux, à partir de l’enveloppe déjà budgétisée dans l’Objectif national de dépenses d’assurance maladie (ONDAM), donc qui manqueront ailleurs.

Pour panser les plaies des Urgences, Buzyn annonce… un pacte de refondation. Il serait fait appel à des renforts de médecins et autres soignants, en ville comme à l’hôpital. Combien, où, quand ? Rien n’est précisé. En tout cas, il n’est nulle part question d’embauches alors que, comme le déplore une infirmière urgentiste d’Épinal, « fin août, on était déjà à plus cent heures supplémentaires ». Une plateforme de tri à distance baptisée SAS (service d’accès aux soins), opérationnelle « d’ici l’été », devrait désengorger l’actuelle régulation, en orientant les malades vers une téléconsultation, un médecin de ville, un kinésithérapeute, un pharmacien ou, en dernier ressort, un service d’urgence pas encore débordé… On croirait presque retrouver l’ambulance qui tourne sans jamais pouvoir quitter le rond-point, dont l’occupant finit dans le corbillard, tournant lui aussi. Une cinquantaine de maisons médicales de garde supplémentaires sont censées soulager les Urgences et, comme déjà annoncé, des contrats hôpital/Ehpad permettraient de les court-circuiter pour l’admission des pensionnaires âgés.

Enfin, en aval, là où le bât blesse d’autant plus que la solution est évidente, Buzyn propose d’optimiser les lits vides existants grâce à l’embauche… de gestionnaires de lits et à l’utilisation d’un logiciel de prédiction des besoins. Comme s’il était besoin d’acheter et d’apprendre à utiliser un tel outil pour voir à quel point les malades déjà pris en charge s’entassent sur des brancards dans les couloirs, faute de lits ouverts dans les services d’hospitalisation, et surtout de personnel pour s’en occuper !

L’argent nécessaire pour le système de santé, en particulier pour l’hôpital malade des sous-effectifs, du manque de lits disponibles et même de matériel, pour les salaires insuffisants versés au personnel, cet argent existe, y compris dans le budget de l’État. Combien de milliers d’embauches d’agents de service, d’employés, d’aides-soignantes, d’infirmières, de techniciennes de laboratoires, de médecins et de kinés financeraient les 40 milliards d’allègements de charges attribués cette année aux propriétaires des grandes entreprises du pays ?

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