Pollution industrielle : impunité patronale11/09/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/09/2667.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Pollution industrielle : impunité patronale

Les industriels ont la triste habitude, quand ils ferment leurs usines, de laisser en l’état des sols souillés par des produits toxiques. Près de 7 000 sites ainsi pollués sont officiellement recensés en France dans une base de données nommée Basol.

De récentes enquêtes de France info et France 3 Normandie ont montré comment ces patrons bénéficient de l’inaction, voire de la complicité des pouvoirs publics. C’est le cas du site de l’ex-usine chimique Wipelec à Romainville en Seine-Saint-Denis, qui a fermé en 2008 en laissant derrière elle un sol contaminé par du benzène et du trichloréthylène, des solvants hautement cancérigènes. Il restait cet été encore 500 kg de trichloréthylène sur le site. Malgré les protestations des riverains, les patrons n’ont pas été inquiétés jusqu’à aujourd’hui.

En Normandie, l’usine de recyclage de piles Citron a déversé pendant des années des polluants dans l’environnement. Un ancien employé témoignait : « Il y avait trois souterrains et quand ils étaient trop pleins, on nous disait de les vider. Donc on mettait des manches à incendie et on vidait ça dans le réseau d’eau. » Cette pollution se faisait de préférence la nuit et s’est poursuivie malgré les mises en demeure de l’administration. Quand Citron a fermé en 2010, 110 employés ont été licenciés et 110 000 tonnes de mâchefers bourrés de métaux lourds abandonnés sur place.

Dix ans plus tard, une partie de ces métaux sont encore là. Le PDG a été condamné en 2016, mais il a fait appel. Aujourd’hui, il n’a toujours pas été définitivement condamné par une justice peu pressée. En attendant, c’est l’État qui a dépensé plus de 35 millions pour la dépollution du site, alors que celle-ci devrait être intégralement à la charge des industriels.

Les travailleurs, qui font tourner ces entreprises, seraient les mieux placés pour rendre publics tous ces méfaits patronaux et limiter ainsi les dégâts. Mais, selon la législation et le rapport de force actuel, exercer un tel droit d’alerte, c’est risquer de perdre son emploi. Une nouvelle illustration du fait que le capitalisme n’est pas recyclable, et qu’il est urgent de le jeter à la poubelle.

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