Pollution dans l’Aude : le poison dans la vallée21/08/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/08/2664.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pollution dans l’Aude : le poison dans la vallée

En octobre 2018, au nord de Carcassonne, dans l’Aude, des inondations ont répandu des sédiments hors du lit de l’Orbiel et d’autres cours d’eau. Ceux-ci provenant des sites de stockage des déchets de l’ancienne mine d’or de Salsigne, la population, inquiète, a fait pression pour que des tests soient effectués. Les résultats, rendus publics mi-août, sont accablants : sur 103 enfants testés, 38 ont des taux d’arsenic anormalement élevés.

Salsigne fut la principale mine d’or de France et la première mine d’arsenic du monde. Ce poison était utilisé en partie pour extraire l’or, mais aussi vendu pour les besoins de l’industrie ou utilisé pour la fabrication de gaz de combat pendant la Première Guerre mondiale. Présent naturellement dans le sous-sol de la vallée de l’Orbiel, il s’y est répandu à cause de son exploitation industrielle pendant des décennies, sous forme de poussières, au travers desquelles les eaux de pluie ruissellent, avant de se jeter dans l’Orbiel et de tranquillement couler jusqu’à la Méditerranée.

Pendant près de 120 ans, la mine de Salsigne a couvert d’or les capitalistes qui en étaient propriétaires. Le dernier en date, un groupe minier australien, a fermé le site en 2004, non sans bénéficier de l’aide de l’État français, qui a pris en charge la dépollution du site, et même une partie des cotisations et des retraites des employés de la mine.

Depuis, plus de douze millions de tonnes de déchets en grande partie toxiques sont stockés sur deux sites aux abords de la mine. Avec le temps, et le manque de nouveaux investissements, les fuites se multiplient et, avec elles, les catastrophes sanitaires.

L’empoisonnement de la région est de notoriété publique, au point que, tout en minimisant son impact, l’Agence régionale de santé donne des recommandations pour ne pas manger les légumes cultivés en terre et que des scientifiques prévoient une pollution pour plusieurs millénaires. L’État, lui, traîne des pieds pour prendre le minimum de mesures nécessaires à la protection de la population : même la signalisation de la dangerosité du site est presque inexistante. Quant aux capitalistes responsables de l’empoisonnement de la vallée et de plusieurs générations de mineurs avec leurs familles, ils peuvent continuer à sévir ailleurs pour accroître leur tas d’or.

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